Algérie à l’honneur ️️

🇩🇿L’Algérie à l’honneur 🇩🇿

📣 Au pays des Cerises et des dates, la variété des milieux naturels se conjugue souvent avec une richesse humaine et culturelle. Ce soir Esma vous emmène à la découverte d’un pays célèbre qui demeure toutefois méconnu.

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➡️ De l’antique Berbérie centrale en passant par El Maghreb médiéval et la province Ottomane pour finir avec la colonisation française, l’espace algérien fut un carrefour des civilisations dont les vestiges résident dans la richesse et la diversité culturelle du pays aujourd’hui . Cependant pour parler d’Algérie en tant qu’Etat, il faut attendre le 5 Juillet 1962. Le plus grand pays d’Afrique avec une superficie de 2,382 millions de km² possède un écosystème 🍃 très diversifié : climat méditerranéen au nord, semi-aride au centre et aride dans le sud ou encore montagnes, plaines, marécages, littoral et désert. Cependant l’extrême majorité des 41 millions d’Algériens habitent dans la bande de terre au nord, l’espace sud étant le poumon économique du pays grâce à sa réserve d’hydrocarbures et de minerais variés.

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➡️ Culturellement, la société algérienne est riche de sa diversité. De la Kabylie , à la région Mzab ainsi que tout l’espace saharien d’Algérie, en passant par les Aurès ou l’Oranais, les pratiques culturelles varient, tout en ayant un fond culturel commun. Les langues officielles sont l’arabe et le Tamazight (langue berbère), il faut ajouter le français largement parlé par la population et notamment répandu par la diaspora algérienne francophone.

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➡️ Sur le plan politique, l’Etat algérien prend forme de régime présidentiel. La Constitution 📜 garantie la séparation des pouvoirs en théorie mais dans les faits, c’est une règle qui n’est pas rigoureusement appliquée. L’Algérie est née de la guerre d’indépendance (1954-1962). Après trois présidents, une période socialiste et une ouverture démocratique manquée, le pays sombre dans une guerre civile qui déstabilise profondément le pays (1992-1999). C’est en 1999 avec l’arrivée de A.Bouteflika que la stabilité fait son retour notamment grâce à la loi “concorde civile” promulguée la même année. Après dix-sept ans à la tête du pouvoir, l’état de santé du président provoque une crise politique autour de la question de sa capacité physique à assurer ses fonctions.

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➡️ Fortement dépendante de la vente de ses hydrocarbures, l’économie 💱algérienne se porte au rythme des évolutions des prix du baril de pétrole. La balance commerciale est en déficit en raison de l’importation de la plupart des produits qui y sont consommés 💹. Le pays est actuellement dans une crise économique qui devrait durer selon les économistes, à moins d’entamer de profondes réformes politiques et économiques. La stabilité du pays reste toutefois fragile. La “décennie noire”, qualificatif régulièrement employé en Algérie pour parler de la guerre civile (1992-1999), a fait pas moins de 150 000 morts. Une guerre qui implique tous les algériens et touche tous les aspects de la société. Une période de forte instabilité où l’ordre ne revint qu’en 1999. Cette guerre laisse un traumatisme profond au sein de la population qui atténue l’effet du printemps arabe en Algérie.

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➡️ Par ailleurs la situation en Libye 🇱🇾️ et au Mali renforce ce “sentiment” d’instabilité car le sud algérien est devenu un espace de circulation pour les différents groupes terroristes qui opèrent dans la région. La prise d’otage d’In Amenas en 2013 est l’illustration la plus connue de ce phénomène.

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Depuis peu le pays est confronté à une crise de migrations sans précédent. Habitué à l’émigration, le pays accueille aujourd’hui nombreuses populations venues principalement du Mali 🇲🇱️ mais aussi d’autres pays africains. Ces populations se destinent, entre autre, à accéder à l’Europe, mais une partie de celles-ci finit par s’installer dans le pays. A cela s’ajoute une population d’étudiants venue pour des études supérieures 📚 finissant généralement par repartir dans leurs pays d’origine.Les autorités ont du mal à faire face à cette situation inédite. Les populations migrantes endurent des conditions de vie rudes ainsi qu’un mauvais traitement de la part des forces de police. Il existe au sein de la population civile, des femmes et des hommes qui ont fait le choix de l’hospitalité et qui à leurs petits niveaux aident ces “damnés de la terre”. De même qu’il existe un racisme latent au sein de la population civile envers les populations noires immigrantes ignorant peut-être que parmi leurs concitoyens, il existe des populations noires telles que les Gnawa et les Touaregs.

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💡💡 Liens utiles ⬇️⬇️
https://www.youtube.com/watch?v=dc3GvQfp_Ug
https://www.youtube.com/watch?v=rQCgFuRJfwI
https://www.youtube.com/watch?v=TDpWQBRwqwA

🇩🇿Point historique 🇩🇿

🌍🌍🌍 L’Algérie au cœur des luttes africaines 🌍🌍🌍

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👉 Les sujets ne manquent pas quand on aborde l’Algérie d’un point de vue historique. On peut ainsi remonter le temps et fouiller dans les profondeurs du désert pour trouver le plus grand musée naturel au monde de peintures rupestres qu’est le site de Tassili-n’Ajjer. On peut encore questionner la présence phénicienne puis romaine en visitant les vestiges de la cité antique de Tipasa, partir sur les traces d’illustres rois et reines berbères, à l’image de Dihya ou Tin-Hinane. Évoquer l’arrivée des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Ottomans ou bien des Français. Parler de la décolonisation, de la décennie noire, du panarabisme et du combat des berbères.

👉 Vous l’aurez compris, l’histoire de cet espace est riche de plusieurs milliers d’années de présence humaine, de brassages culturels et de luttes pour la liberté. De liberté ici il en est question puisque la population, présente depuis la préhistoire s’est nommée Imazighen qui signifie les Hommes libres, au-delà de tout débat identitaire actuel, il se trouve que cette désignation s’est ancrée comme élément déterminant dans l’identité algérienne. Une conscience de liberté aiguë qui pousse les algériens au prix d’un lourd tribut à obtenir leur indépendance en 1962. Sur le modèle de libération algérien, les différents gouvernements du pays ont mis en place des politiques pan-africanistes qui s’avèrent pour certaines très efficaces.

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👉 Qu’en est-il de l’Algérie africaine? La place du panafricanisme en Algérie demeure aujourd’hui grossièrement connue sinon intégralement méconnue. Pourtant entre 1962 et 1979, les différents gouvernements algériens ont oeuvré énergétiquement pour la libération de plusieurs États africains et pour l’unité africaine. Cela commence même avant, présente en 1958 à Accra, l’Algérie s’est faite représenter entre autre par un illustre penseur du panafricanisme: Frantz Fanon. En 1961, le GPRA rejoint le « groupe de Casablanca » mené par Kwame Nkrumah, Sékou Touré ou encore Modibo Keïta. L’indépendance de l’Algérie en 1962 ouvre sur la période connue grâce à Amilcar Cabral, comme « Alger la Mecque des révolutionnaires ». Après la ratification de la charte de l’unité africaine en 1963 à Addis-Abeba, Ahmed Ben Bella ponctue son discours par cette locution : «Acceptons de mourir un peu ou tout à fait, pour que l’unité africaine ne soit pas un mot creux. » Un discours qui s’est accompagné d’une proposition de création d’une force armée africaine chargée de porter la lutte en faveur des populations africaines encore colonisées. Si l’idée n’est pas retenue, elle débouche néanmoins sur la création du comité de libération africain, chargé de récolter des fonds et de soutenir les mouvements de libérations nationaux que ce soit financièrement ou matériellement.

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👉 Le principe du devoir des pays indépendants d’aider les peuples colonisés, adopté par la charte de l’unité africaine, sera vigoureusement mis en œuvre par l’Algérie. Alger accueille plusieurs mouvements de libérations, leur octroyant ambassades, finances et aides matériels. A cela s’ajoute une formation à la « guerre révolutionnaire » sur le modèle algérien. Parmi les mouvements accueillis on peut citer le P.A.I.G.C. fondé par Amilcar Cabral, FRELIMO du Mozambique ainsi que le M.P.L.A et le F.L.N.A d’Angola. Ces quatre mouvements ont pour point communs d’être sous domination coloniale portugaise. Les indépendances revendiquées par ces mouvements n’auront satisfaction que lors du renversement du pouvoir autoritaire du Portugal, à l’occasion de « la révolution des Œillets ». L’Algérie qui accompagne ces mouvements durant leurs luttes, ponctue cette période par la signature de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert en 1974 à Alger.

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👉 Place forte des révolutionnaires entre 1962 et 1979, Alger accueil Che Guevara dès 1963. Celui-ci œuvrant pour une révolution internationale et l’émancipation des peuples de l’impérialisme, entreprenant rapidement de faire d’Alger la base arrière de ses actions en Afrique. Après un désaccord sur le mode d’action pour soutenir la rébellion qui s’oppose à Mobutu alors à la tête du R.D.C. Une rébellion lumumbiste est dirigée en partie par un certain Laurent-Désiré Kabila. L’Algérie décide d’armer et de financer les rebelles, auxquels se joint le “Che” en Avril 1965. Mais après quelques mois, le Ché repart du Congo en notant dans son journal « ceci est l’histoire d’un échec ! ». Le gouvernement algérien continuera tout de même à soutenir cette rébellion. Par ailleurs le gouvernement n’a pas oublié l’assassinat de Lumumba, en 1967 il détourne l’avion de son assassin sur Alger. Après une demande d’extradition émise par Mobutu, Boumédiène refuse et fera exprimer par la voix d’un ambassadeur M’hamed Yazid que le cas de Moïse Tshombe relève de la justice de tous les africains, justifiant ainsi sa retenue et sa captivité en Algérie. « Monsieur tiroir-caisse » comme il est surnommé meurt en captivité d’une crise cardiaque en 1969.

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👉 Les différents gouvernements algériens ont aussi soutenu et se sont même engagés en faveur de mouvements luttant contre des régimes ségrégationnistes. Malcolm X lors de son passage à Alger et après sa rencontre avec Ben Bella comparera le Ghetto de Harlem à la Casbah d’Alger pendant l’occupation française. Martin Luther King dira du président algérien lors de leur rencontre à Harlem « nous sommes frères ». Tous deux faisant le parallèle entre le combat afro-américain et du combats des algériens pendant la colonisation. Le gouvernement algérien accueillera même le Black Panther Party qui implante un siège à la Casbah et cela après avoir accordé l’asile politique à Stokely Carmichael en 1968. C’est Eldridge Cleaver soutenu par le pouvoir algérien qui assure la permanence du parti à Alger. Mais les liens s’estompent après le détournement d’un avion américain par des militants du parti, Cleaver reprochera au gouvernement algérien d’être au service des États-Unis. Un reproche que ne supportera pas Boumédienne.

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👉 L’A.N.C. de Nelson Mandela trouve aussi de l’aide en Algérie. La stratégie de l’A.N.C. bascule vers la lutte armée après le massacre de Sharpeville en 1960. Mandela rejoint un camps d’entraînement de l’A.L.N où il recevra une formation militaire ainsi qu’une aide financière et matérielle. De retour en Afrique du Sud, Mandela sera jugé et emprisonné à perpétuité. Cependant le combat de l’Algérie contre le régime d’apartheid ne s’arrête pas là, le gouvernement met à disposition des membres de l’A.N.C. des passeports, une formation militaire, un soutien financier, de l’armement et des bureaux d’informations à Alger. Par ailleurs elle octroie l’asile politique à certains membres et n’hésite pas à accorder la nationalité à la chanteuse Miriam Makeba. Lorsque Bouteflika est élu président de la 29e session de l’assemblée générale de l’O.N.U, grâce à une manœuvre politique habile, il œuvre pour l’exclusion du régime apartheid de l’ONU en 1974: un succès. Mandela revenant à Alger pour une visite officielle en 1990 prononcera ces mots : « Algeria is my country ».

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👉 L’Algérie se renferme sur elle peu à peu, de 1979 jusqu’aux années 2000 pour des raisons de politiques intérieures. Elle fait son retour en accueillant les accords de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée. En 2013, Bouteflika décrète l’effacement de dettes estimées entre 902 millions à 3 milliards de dollars au profit de 10 pays dont le Burkina-Faso, le Niger, le Bénin ou encore le Mozambique. Plus récemment encore avec le Mali, outre la timide contribution militaire visant à stabiliser la situation sur les frontières, le gouvernement algérien à assurer la médiation entre le gouvernement malien et la coordination des mouvements de l’Azawad. Le processus s’achève par l’accord d’Alger signé en 2015 à Bamako. Une démarche qui vise à rétablir l’unité au Mali voisin.

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🎞️ Liens utiles 🎞️
https://www.youtube.com/watch?v=u3M4-2sD3f8
https://www.youtube.com/watch?v=zmEDPnToa5M
https://www.youtube.com/watch?v=CjVV-TUbUNQ
https://www.youtube.com/watch?v=O4I-x2hBW6I

🇩🇿Point culture 🇩🇿

🕌 Les Palais algérois de l’époque moderne 🕌

 “ Nulle part en Afrique du Nord, je n’ai rencontré de si nobles frondaisons, si souveraines, cette puissance végétale si éloquente et presque menaçante. Et cela aux portes même d’une grande ville, ce qui en double le prix ” Henry de Montherlant dans Il y a encore des paradis : images d’Alger, publié en 1947. 

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➡️ Les palais algérois de la période ottomane constituent un reflet de la richesse et de la prospérité de la ville durant la période moderne. D’une architecture mauresque, ces palais sont une composante de l’identité de la ville. Plaque tournante du commerce méditerranéen, ville de corsaires à l’image de Kheireddine Barberousse, la ville a suscité la convoitise ainsi que des rivalités hégémoniques entre grandes puissances française, espagnole et hollandaise, échouant à prendre la ville jusqu’en 1830. Les palais sont ainsi les vestiges de cette grandeur passée.

➡️ Les palais algérois furent généralement les lieux de résidence des gouverneurs d’Alger, les bey puis les dey, ainsi que de leur entourage. Les deys pouvaient construire plusieurs palais selon les moyens mis à disposition. Outre le reflet du savoir-faire algérois émanant de ces lieux, les palais algérois sont aussi le miroir d’une ville au commerce florissant avec le reste du monde.

➡️ En effet les palais algérois sont généralement constitués d’un ou plusieurs patio centraux. Il s’agit d’une cour centrale permettant à la lumière de pénétrer dans les palais. Ces derniers disposent de fenêtres sur l’extérieur, mais elles sont très petites. Le patio préserve aussi l’intimité des résidents du palais; et correspond à un lieu de festivité, de banquet et de dialogue. Nous y retrouvons généralement une fontaine en marbre. Le patio est entouré de colonnes en marbre d’Italie, ces dernières variant d’un palais à l’autre. Généralement, les palais sont composés de deux à trois étages et leur étendue peut varier. Les faïences qui les ornent peuvent être issues d’une production locale, d’Italie, d’Espagne ou encore de Delft, en Hollande. Le palais de Dar Aziza est par exemple composé de 500 000 carreaux de faïences de Delft. Les plafonds sont en bois de cèdre sculpté et peint. Certains plafonds et coupoles peuvent également être constitués de plâtre sculpté.

➡️ L’entrée des palais se fait par une grande porte ornée de marbre et de bois sculpté donnant sur une Skifa : un vestibule richement décoré. Les chambres se situent généralement au premier étage ainsi qu’au troisième, les cuisines sont réparties différemment entre le premier et le dernier étage. Elles sont généralement placées au dernier niveau du palais car le dernier étage dispose de cheminées permettant d’évacuer les odeurs. Autrefois, les jardins embellissaient ces palais. Néanmoins, peu d’entre eux sont encore présents du fait de la colonisation et du manque d’entretien.

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➡️ Aujourd’hui encore, ces palais fascinent de par leur beauté et leur histoire exceptionnelle. Plusieurs d’entre eux sont devenus des musées, d’autres constituent le refuge d’artistes, tandis que certains sont devenus des résidences du pouvoir à l’instar du Palais du peuple, devenu le palais présidentiel.

🇩🇿Portrait: Frantz Fanon 🇩🇿

 « Moi homme de couleur, je ne veux qu’une chose : que jamais l’instrument ne domine l’homme. Que cesse à jamais l’asservissement de l’homme par l’homme, c’est à dire de moi par un autre. Qu’il me soit permis de découvrir ou de voir l’homme où qu’il se trouve. Le Nègre n’est pas, pas plus que le Blanc, tous deux ont à s’écarter des voix inhumaines de leurs ancêtres respectifs, afin que naisse une authentique communication. » Frantz Fanon, Peau noire masques blancs, Seuil, 1952, Paris. 

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➡️ Antillais de naissance, Algérien d’adoption, psychiatre, militant, écrivain ou encore un penseur qui a incontestablement marqué son époque ; Diverses facettes donnent à penser que le personnage de Frantz Fanon est multiple. Pourtant celles-ci sont intrinsèquement liées dans le développement de sa pensée. Né en 1925 aux Antilles, il effectue d’abord sa scolarité en Martinique 🇲🇶 , où il fut notamment l’un des élèves de Césaire. En 1943, il s’engage au sein des Forces Françaises de Libération et combat pour la France, dans les Vosges, où il sera blessé. Il sera mobilisé en Algérie pendant deux semaines, où il aura l’occasion d’observer le colonialisme. De retour en Martinique, il poursuit ses études par l’obtention de son baccalauréat, puis entame un cursus de philosophie et de psychologie à l’université de Lyon. Durant ses études, il cultivera la pensée anticolonialiste en se confrontant aux rapports de domination et en les subissant à cause de sa couleur de peau. De cette période découle l’une des bases de sa réflexion sur les rapports de domination dans le contexte colonial.

 « Ni connu, ni inconnu, ni Che Guevara, ni Sartre, ni Camus, Frantz Fanon, dans ses avancées sur le racisme, le colonialisme, le rapport oppresseur/opprimé, l’avenir des pays en voie de développement, fut un précurseur » Alice Cherki 

➡️ Omniprésent dans les formations d’anti-pouvoir de son époque, Frantz Fanon est un maître à penser de plusieurs mouvements politiques, notamment au sein des guerillas d’Érythrée 🇪🇷, des Blacks Panthers aux Etats-Unis 🇺🇸 ou encore du Front de Libération Nationale (FLN) en Algérie 🇩🇿, dont il sera membre. En effet, dès 1954, Frantz Fanon est nommé chef au département psychiatrique de l’hôpital de Blida en Algérie, devenant directement mêlé à la guerre d’indépendance, traitant à la fois soldats français et combattants algériens. C’est durant cette période qu’il noue des contacts avec des cadres du FLN, l’amenant à démissionner de son poste pour rejoindre la résistance. Il occupera diverses fonctions au sein du mouvement, notamment en étant rédacteur du journal El Moujahid et en abordant la pratique de la torture lors des interrogatoires.

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➡️ Le succès de son œuvre n’est pas tant dû aux enjeux des thèmes qu’il aborde, sujets brûlants de son époque, mais à la particularité de son point de vue. En effet, dans ses écrits, c’est un homme qui parle pour l’Homme, mais il s’agit également d’un médecin observant ses patients et d’un résistant pensant sa lutte. Ces doubles motivations, à la fois humaniste et scientifique, apportent une perspicacité dans son œuvre, tentant de comprendre et de conceptualiser les rapports Noirs-Blancs. On retiendra notamment le complexe du colonisé théorisé dans son essai Peau Noire Masques Blancs : « Le Nègre esclave de son infériorité, le Blanc esclave de sa supériorité, se comportent tous les deux selon une ligne d’orientation névrotique ». Dans ce livre, Frantz Fanon met en relief le poids de la culture coloniale, soulignant les impasses identitaires du tout-blanc ou du tout-noir. C’est dans cette optique et lors des premières indépendances africaines qu’il écrit sa seconde œuvre majeure, Les damnés de la Terre, publié en 1961, dans laquelle il aborde l’ère post- coloniale, envisageant une reconstruction du Tiers-monde par le passage d’une désaliénation des sociétés colonisées : « Le colonialisme et l’impérialisme ne sont pas quitte avec nous quand ils ont retiré de nos territoires leurs drapeaux et leurs forces de police ». Selon Fanon, l’homme colonisé aura véritablement acquis sa liberté et son humanité une fois émancipé de la pensée coloniale et européenne, afin d’être lui-même.

➡️ Frantz Fanon est inhumé en terre algérienne en décembre 1961, quelques mois avant l’officialisation de l’indépendance d’Algérie auprès de ses frères d’armes. Son engagement auprès des Algériens a fait de lui un Algérien à part entière.

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