Infanticides au Katanga : les Bébés Métis Congolais-Japonais tués en silence. 

Dans les années 1970 et 1980, des centaines de travailleurs japonais se sont installés dans la province du Katanga, en République démocratique du Congo, pour participer à l’exploitation des riches mines de cuivre de la région. Cette période de collaboration économique a laissé derrière elle une histoire sombre et méconnue : celle des enfants métis nés de pères japonais et de mères congolaises. Aujourd’hui, ces enfants accusent leurs pères d’avoir tenté de les tuer pour effacer toute trace de leur passage avant de retourner au Japon.

Le Contexte Historique

Ils ont été envoyés à Kasumbalesa, une ville minière à la frontière avec la Zambie, pour travailler dans les mines de cuivre de l’entreprise Nippon Mining. La production atteignait alors 5 000 tonnes de cuivre brut par jour, faisant de cette mine l’un des fleurons de l’industrie minière congolaise. Durant leur séjour, certains travailleurs japonais ont formé des relations avec des femmes locales, et des enfants métis sont nés de ces unions.

Les Accusations de Meurtres

Des dizaines de femmes congolaises, telles qu’Yvonne Kaymba, qui raconte dans le reportage de France 24 Les « oubliés » du Katanga « Le docteur japonais a osculté mon enfant d’un an. Le lendemain, l’enfant est mort. » Comme elle, une dizaine de femmes ont rapporté des récits similaires, affirmant que leurs enfants métis ont été tués à cause de la volonté des pères japonais d’effacer toute trace de leur passage au Congo avant le retour des pères au Japon. Selon ces témoignages, seuls les enfants métis de pères japonais sont décédés, tandis que leurs autres enfants ont survécu. 

Le règlement de l’usine était strict, les travailleurs japonais n’étaient pas autorisés à fréquenter les filles des environs, selon un responsable de l’usine. Cependant, Martin Majende, qui était au moment du reportage le secrétaire Général de la SODIMICO (Société de Développement Industriel et Minier du Congo), précise que les travailleurs japonais « ont trouvé parmi les Congolaises des belles filles et ont estimé qu’ils pouvaient partager un lit et un toit ensemble (…) C’est par contre chez eux où l’on ne pouvait pas rapatrier la progéniture ».

Les Enfants Métis Rescapés

Certains enfants métis ont survécu à cette période sombre en grandissant cachés par leurs familles, ils se décrivent comme des “rescapés”. Certains d’entre eux ont été interrogés dans le reportage de France 24 et ils expliquent comment ils ont grandi. Par exemple Nhanha Kamisawa l’une de ces rescapés qui a grandi cachée, ses grands-parents lui disaient : « Si vous allez en ville, on va vous tuer. » Kowe Karube, qui tient une petite pharmacie, dit ceci : « Nos grands-parents évitaient de nous emmener à l’hôpital, c’est comme cela que nous avons pu nous en sortir et être rescapés »

 Cette peur constante les a forcés à vivre dans l’ombre pour échapper aux médecins japonais qui, selon Sébastien Kahozi Muyumba, un infirmier à la retraite, avaient un taux de mortalité anormalement élevé parmi les enfants métis. « On voyait que le taux de mortalité était élevé et on se demandait pourquoi. Il y en a qui disaient que les Japonais ne veulent pas laisser leurs enfants métisses ici chez nous, » a-t-il expliqué.

Un Combat pour la Reconnaissance

Malgré la gravité des accusations, les démarches juridiques et politiques des mères congolaises pour obtenir justice et reconnaissance sont restées infructueuses. L’ambassade du Japon en République démocratique du Congo n’a pas réagi aux allégations. Une note verbale envoyée par le vice-ministre congolais des Affaires étrangères à l’ambassade du Japon à Kinshasa en 2007 est restée sans réponse, tout comme les questions posées par des médias internationaux comme FRANCE 24.

L’histoire des enfants métis du Katanga met en lumière les injustices et les souffrances subies par ces individus. Les témoignages poignants de ces femmes et de leurs enfants rappellent l’importance de la mémoire et de la justice pour ceux qui ont été oubliés par l’histoire. Une prise de conscience et une enquête approfondie pourraient enfin apporter une forme de réconciliation et de reconnaissance à ces victimes réduite au silence ?

Images : 

Bibliographie et webographie : 


Gabriel Horchler Etudiant en L2 Géographie et secrétaire général d’ESMA

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