« Mali Twist »
Tel est le mot d’ordre de l’exposition organisée par la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, retraçant l’œuvre du photographe malien Malick Sidibé, alias l’« l’Oeil de Bamako »,
Figure majeure de la photographie africaine contemporaine, Malick Sidibé (1936-2016) a su incontestablement retranscrire par ses clichés une jeunesse africaine en pleine mutation.Exposant 250 tirages, la Fondation Cartier propose à son spectateur de plonger en plein cœur de l’ambiance de Bamako dans les années 60.
1963, Happy Club, Bamako. Cliché en noir et blanc, un couple dansant le twist, vêtu à la mode des sixties. On aurait presque envie d’esquisser un pas de danse.
Avec l’Indépendance du Mali en 1960, Mali Twist nous dresse le portrait d’une jeunesse insouciante et émancipée en pleine effervescence. Portraits de studio, photos des « surprises party » de Bamako dans les clubs prisés de la ville, clichés de jeunes filles en bikini sur les rivages du Niger, l’exposition nous introduit dans un univers à la fois singulier et intime, où liberté et modernité se mêlent.
Mali Twist est donc une rétrospective qui rend hommage à un artiste remarquable.
Qui était Malick Sidibé ?
Photographe hors pair, on le surnomme « l’œil de Bamako ». Il fut le témoin des mutations d’une jeunesse malienne marquées par l’émergence d’un mode de vie avant-gardiste : style vestimentaire occidental, rock’n’roll, pop, soul, twist : tout y passe. L’ensemble de son œuvre rassemble recueille les prémices d’une jeunesse affranchie et ambitieuse.
Né en 1936 à Soloba (Mali), il est issu d’une famille peule. Il fait des études de dessin et de bijoutier à l’Institut national des arts de Bamako. Pris sous l’aile de Gérard Guillat-Guignard, il est initié à la photographie au studio « Photo service » en 1955.
Il ouvre son propre studio à Bamako, en 1962, où il passera l’ensemble de sa carrière. Pendant les années 60, il photographie surtout la jeunesse nocturne dans les clubs de la capitale, avant de se spécialiser dans les portraits en studio. “La chose la plus authentique, c’est le visage. Donc pour moi la photo est la mieux placée pour perpétuer son image. L’homme a voulu imiter Dieu par le dessin, ensuite la photo est venue et je pense que l’on n’a rien inventé de mieux pour perpétuer l’image. Je crois au pouvoir de l’image“. (M. Sidibé, 1955).
Sa réputation internationale est signée avec les premières Rencontres africaines de la photographie à Bamako en 1994. Il va successivement exposer à Paris (à la Fondation Cartier en 1995), aux États-Unis et au Japon.
Récompensé par plusieurs prix, il reçoit notamment, en 2003, le prix international de la Fondation Hasselblad, puis un Lion d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, à l’occasion de la 52e Biennale d’art contemporain de Venise en 2007.
A la suite d’un cancer, il décède le 14 avril 2016, laissant derrière lui l’œuvre d’un des portraitistes les plus renommés d’Afrique.
La Fondation Cartier a souhaité lui rendre hommage à travers la rétrospective Mali Twist.
Pourquoi on a aimé l’expo ?
Riche en clichés, le commissaire d’exposition André Magnin a réussi à retranscrire l’ambiance des sixties : clichés en grand et petit format, tirages anciens comme récents, musique de fond, film documentaire relatant la carrière de Malick Sidibé, la Fondation propose une expo riche et étonnante.
Expo jusqu’au 25 février 2018 – 261 boulevard Raspail (75014, Paris)
Julia Hancart
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