« En Afrique, quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle »

💡💡💡« En Afrique, quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle » 💡💡💡

➡️ Si le proverbe est connu depuis longtemps, sa véritable signification échappe souvent au sens commun. Ces paroles sont dérivées du discours d’Amadou Hampâté-Bâ prononcé en 1960 devant l’assemblée de l’UNESCO. La substance de ce proverbe résume son discours en faveur du développement et de l’octroi de moyens pour la préservation de la tradition orale en Afrique.🌍

26239554_2026804920924979_7478196645961512249_n

➡️ De la sagesse, Amadou Hampaté-Bâ en avait à revendre, ce qui ne l’empêchait pas de la partager gratuitement. Il est né au début du XIXème siècle à Bandiagara (centre du Mali) au sein d’une famille princière 👑, de part ses parents, sa famille paternelle, sa famille maternelle, ainsi que sa belle famille. Il faut préciser que son grand-père fut conseiller personnel du grand Cheikh Omar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur aux environs de 1848. Très tôt, il fut l’étudiant de Tierno Bokar, un cheikh régionalement reconnu. Soumis au rite initiatique traditionnel,il en rendit compte dans différents ouvrages dont Kaïdara : récit initiatique Peul, publié en 1969.

➡️ Plus tard, il passa par l’école coloniale française et après son refus d’intégrer l’école normale de Gorée, il fut envoyé loin de son foyer natal pour occuper un poste d’administrateur. Pendant cette période, il garda des contacts ponctuels avec sa mère et Tierno Bokar. C’est en 1942 que le vent tourne, il intègre l’institut français d’Afrique noir, où son intérêt pour la tradition orale se concrétise. En 1960, lorsque le Mali 🇲🇱️ acquiert son indépendance, il fut envoyé avec la délégation de son pays à l’UNESCO. Il prononça un vibrant hommage à la culture Africaine et un brillant plaidoyer pour la tradition orale africaine.

 

 

➡️ Maintenant traitons du proverbe en lui-même. Le vieillard selon Amadou Hampâté-Bâ est celui qui détient la sagesse. Bien qu’il existe selon le même auteur une division cyclique de la vie humaine par tranches d’âge, dont l’explication prendrait hélas énormément de place et beaucoup d’espace. Hampaté-Bâ avance que la sagesse ne se résume pas à une simple question d’âge. De fait, on peut avoir des vieillards 👴👵de vingts ans et des enfants 👶 de soixante ans.

➡️ Une connaissance résultante des expériences et des savoirs, individuels et communs, cumulée dans le

 temps et transmise de génération en génération. Cela ne se limite pas à un domaine mais concerne tous les aspects réels ou abstraits de la vie que les Hommes ont eu à penser. Une somme colossale de connaissances qui forcerait son détenteur à l’humilité, c’est en partie la définition de la sagesse selon Hampaté-Bâ. Quant à la bibliothèque 📚, elle fait référence à un des modes de transmission du savoir européen : la transmission par l’écrit. Un mode de transmission hérité des grecs et des romains, qui se perfectionne avec le temps, et qui se poursuit avec les moines copistes au Moyen Age puis tend à se généraliser avec le développement de l’impression à partir de 1450.

➡️ Ce proverbe est une métaphore qui rapproche deux modes de transmissions différents. On comprend que la fin du vieillard qui se matérialise par la mort entraîne une disparition des savoirs qu’il a accumulé, à l’image d’une bibliothèque qui brûle, où tout le savoir transcrit dans les livres disparaît. Ce rapprochement met en relief la nécessité de la retranscription par écrit 🖋️ des savoirs oraux africains pour leur sauvegarde et diffusion. Des savoirs oraux que Amadou Hampaté-Bâ qualifie d’aussi précieux et fragiles que les grands édifices de la Nubie ou de l’Égypte antique, si ce n’est plus. L’importance de cette tradition orale fut comprise bien plutôt, notamment par Soundiata Keita, fondateur du grand empire du Mali au début du XIIIe siècle. Il développa un ordre social exclusivement chargé de récolter, enrichir et transmettre ce précieux trésor : c’est l’apparition des griots.

➡️Enfin Amadou Hampaté-Bâ, fervent défenseur de la tradition orale africaine, vous invite par son discours devant l’UNESCO (lien ci-dessous) à saisir l’importance de la tradition orale pour comprendre la subtilité de l’Histoire et des cultures Africaines gardée par ces vieillards, qu’ils soient griots, chefs de villages, chefs de familles ou encore de simples aînés qui ont été à la meilleure des écoles : celle de la vie

Liens utiles 
Discours : http://www.ina.fr/audio/PHD86073514
Interview sur la tradition orale:

Un commentaire sur “« En Afrique, quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle »

Ajouter un commentaire

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :