🇧🇼 Le Botswana à l’honneur 🇧🇼
La République du Botswana est un pays faiblement peuplé (2,3M) situé en Afrique australe, et dont la capitale est Gaborone. Ce pays sans accès à la mer est entouré par la Namibie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud. La langue officielle est l’anglais, héritée du protectorat britannique, mais d’autres langues locales sont parlées telle que le tswana (du groupe majoritaire ayant donné son nom au pays) et le khoisan.
Le Botswana a obtenu son indépendance en 1966, et présente la particularité d’être un pays politiquement et socialement stable, et particulièrement transparent , ce qui lui a valu le surnom de “miracle africain”. Le taux d’alphabétisation est très élevé puisqu’il concerne 85% de la population. La vie politique s’organise dans un régime présidentiel au parti unique. Cependant des élections sont régulièrement organisées et les opposants comme la presse, sont libres d’exprimer leurs divergences sans qu’il y ait de représailles de la part de l’Etat. Ceci étant dit, le manque d’alternative politique et la longévité des présidents (4 présidents depuis l’indépendance) pousse le constat d’un régime présidentiel sinon autocratique, du moins autoritaire.
Sur le plan économique, le pays est stable, présente une croissance économique soutenue (5,6%), et a une dette faible. Le secteur primaire ne représente plus que 2% du PIB, alors que le secteur de l’industrie est très important en raison des importantes ressources minières, puisque selon les chiffres officiels, le Botswana est officiellement le premier exportateur de diamant au monde. Son indice de développement humain est l’un des plus élevé en Afrique, 0.7, ce qui le place juste derrière l’Afrique du Sud.
📖 Le point historique : le passage sous protectorat britannique 📖
Le Bechuanaland actuel Botswana est né à partir des quatre grandes chefferies qui sont des organisations socio—politiques Tswana (Bamangwato, Bangwaketse, Bakwena, Bakgatla). Elles se sont progressivement constituées par des alliances, le commerce et des guerres notamment contre les tribus Ndebele migrants sur ce territoire depuis le désert du Kalahari.
Elles ont été stabilisées au XIXe siècle, avant que les Tswana soit confrontés aux colons boers, des colons d’origine néerlandaise venant du Transvaal, une région du Nord-Est de l’Afrique du Sud. En effet afin de résister à l’expansion des colons boers, les chefs Tswana Khama III, Bathoen et Sebele ont demandé la protection des Britanniques et l’ont obtenu le 31 mars 1885, avec le protectorat du Bechuanaland. La contrepartie de ce statut juridique a été l’annexion du Sud du territoire par la colonie anglaise du Cap.
Lorsque l’Union de l’Afrique du Sud est formée en 1910, en englobant les principales colonies britanniques de la région, le protectorat du Bechuanaland, le Basutoland (actuel Lesotho) et le Swaziland ne sont pas inclus, mais les autorités sudafricaines prévoient leur incorporation ultérieure.
Les Britanniques persuadés que leur nouveau territoire du Bechuanaland sera annexé à l’Afrique du Sud , instaurent un gouvernement parallèle en 1920. Celui-ci laisse aux chefferies la gestion quasi-totale de leurs propres affaires tant civiles que juridiques et cela a permis au Bechuanaland de ne pas être absorbé par l’Union sud-africaine malgré plusieurs tentative. Le Botswana après une période de gouvernance autonome obtient son indépendance en 1966.
🎨🎨 Point culture 🎨🎨
A l’image de plusieurs autres pays africains, le Botswana est un pays multiculturel hérité de la domination britannique. Cependant la population majoritaire est celle issue du groupe linguistique Bantou : les Tswanas qui représentent 80 % de la population. Il n’est pas étonnant donc que la culture contemporaine du Botswana soit fortement influencée.
Socialement, il existe un trait particulier qui mérite mention : la politesse, qui n’est pas un simple usage pour prouver le savoir vivre, c’est une exigence et on en use sans modération. On dit bonjour, s’il vous plaît, merci à tout va et à tout le monde sans distinction. La courtoisie est un art de vivre qui concerne aussi bien les botswanais que les étrangers.
Par ailleurs l’artisanat traditionnel fait la réputation du pays et les deux domaines qui en font la fierté sont la vannerie et la poterie ⚱️. D’une part la confection de paniers fait de matière végétale est régionalement connue pour son degré de subtilité et de complexité. D’autre part la réputation de la poterie botswanaise atteint un degré d’ingéniosité et de sophistication tel que le savoir faire de la poterie en terre cuite dans le district du Kgatleng au Botswana (Nord est de Gaborone) est classé en 2012 patrimoine immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
En matière de musique 🎶, le pays n’est pas en reste. Il y a la musique traditionnelle en premier lieu. Mêlant convivialité, coutume et pratiques religieuses, la musique traditionnelle du Botswana est une accumulation historique des populations successives témoignant d’une indiscutable diversité culturelle. Des instruments tel que la flûte et le tambour 🥁 sont souvent utilisés tout comme l’arc musical. Instrument dont l’usage remonte à la pré-histoire, en témoigne des peintures rupestres retrouvées un peu partout dans le monde, il est la preuve de l’ancienneté des coutumes des populations Botswanaises.
La musique n’étant pas que mélodie ou instruments, la danse 💃 et la voix sont aussi des composantes indéniables. En ce qui concerne le Dikopélo,il peut se pratiquer a cappella sans perdre de sa beauté. Un dossier de candidature à d’ailleurs été déposé auprès de l’UNESCO pour classer ce style de musique comme patrimoine immatériel de l’humanité.
En second lieu on peut mentionner l’appropriation de styles musicaux mondialement connus tels que le Rap et le Jazz. Une appropriation qui passe par les sujets abordés dans les chansons. D’autre part les chansons sont soit écrites dans les langues locales ou en anglais, langue héritée des britanniques. La chanteuse Punah Gabassiane en est une parfaite illustration.
Culturellement le pays conjugue harmonieusement tradition et modernité. En témoigne l’œuvre littéraire de la célèbre Unity Dow, magistrate et écrivaine qui évoque entre autre la question du genre, la place de la femme et la rencontre de la culture occidentale et la culture locale.
Portrait: Siyanda Mohutsiwa
Siyanda Mohutsiwa est une conférencière et militante panafricaniste. Née en 1993 au Swaziland, Siyanda déménage et s’installe dès ses cinq ans au Botswana, pays de sa mère. Elle écrit très tôt des articles et est publiée dès ses 12 ans dans un quotidien national. Passionnée, elle se lance dans la tenue d’un blog à ses 16 ans dans lequel elle traite de sujet comme le féminisme ou l’économie du développement. Elle commence à gagner en renommée alors que les billets qu’elle poste sur internet deviennent des sources mobilisées par d’immenses médias comme la BBC, Le Mail ou le Guardian. Alors qu’elle termine ses études à l’Université, l’opportunité d’une belle carrière journalistique s’ouvre à elle.
Mais c’est sur Twitter que Siyanda trouve sa voie : Alors qu’en 2014-2015 les réseaux sociaux connaissent une expansion tentaculaire, elle commence à s’amuser avec le fonctionnement des hashtags, parfois insolites, parfois satiriques, très vite ses hashtags sont repris massivement, en particulier son #IfAfricaWasABar qui mobilise en 2015 des dizaines de milliers de reprises. Question amusante, si l’Afrique était un bar, que boirait-on et que ferait-on dans ton pays ? Par son initiative, les africains de Twitter ont pu parler de leurs pays et affirmer la pluralité de leurs identités sur un ton léger. Les débats qu’elle amorce, sur un fond d’autodérision sont cruciaux. Depuis ces premiers succès, Siyanda est convaincue qu’internet est un levier incroyable pour l’avenir du panafricanisme. Elle anime aujourd’hui des TEDtalks, et est devenue une conférencière reconnue mondialement pour ses engagements.
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