Au Sénégal, la lutte surpasse le football en termes de popularité, elle est le sport traditionnel par excellence. Les règles sont les suivantes : l’arène du combat est délimitée par un cercle et le premier qui pose ses quatre appuis au sol, se couche sur le dos ou sort du cercle en tombant perd le combat.
Yékini, Balla Gaye 2, Tyson et autre Bombardier comptent parmi les héros de l’arène qui ont fait de la lutte un show regardé de tous et un business rentable.
Sport de contact, la lutte sénégalaise (ou lamb en wolof) intègre aussi la boxe, d’où l’appellation de « lutte avec frappe ». Ainsi, le lutteur peut à la fois donner des coups et recourir au corps à corps.
Depuis la fin des années 1990, la lutte s’est professionnalisée. Les différentes écuries de lutteurs sont regroupées au sein d’une fédération, le Comité national de gestion de la lutte (CNG).
A l’origine, les combats de lutte opposent deux villages, rassemblés autour de leurs guerriers. Cette fête est l’occasion pour chacun de démontrer sa force. Le village gagnant repart avec des récompenses comme du bétail ou une part de la récolte.
Profondément ancrée dans la culture, les rituels et le cérémonial autour des combats continuent de donner à l’événement toute sa substance. Chaque lutteur est accompagné à son arrivée dans l’arène par des chants, le baccou, qui louent les prouesses du lutteur afin d’intimider l’adversaire mais aussi de s’attirer le soutien du public. Le lutteur est par ailleurs accompagné tout au long de sa formation par des marabouts, jusque dans l’arène, qui le couvrent d’incantations et de gris-gris pour le protéger contre le mauvais sort.
Au pays de la Teranga, entre sport, business et mysticisme, la lutte bénéficie d’un engouement total ; notamment depuis l’avènement de la génération « Boul Fallé ». En 1988, la jeunesse sénégalaise descend dans la rue pour contester la réélection du président Abdou Diouf. Ces manifestations marquent les premiers signes d’une rupture générationnelle qui s’exprime notamment aux travers du hip hop et de la lutte. En 2009 sort le documentaire réalisé par la Sénégalaise Rama Thiaw intitulé Boul Fallé, La voie de la lutte. On y voit des jeunes de Pikine, un quartier défavorisé de Dakar, pratiquer ce sport. En ce sens, la lutte peut aussi être perçue comme un moyen de résistante à l’absence ou au manque de perspectives. A l’image d’un jeune lutteur dakarois, le lyriciste d’origine sénégalaise Elie Yaffa s’inscrit dans cette réalité sociale « J’ai le short de Hulk, la force de Luke, Seul je dois mener ma lutte ». (Lunatic)
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