“I have two sisters and it’s a family of six. My two sisters are light in colour and when we used to go out, as a child especially when we used to come to Ghana, people would use to notice my two sisters over me and go like ‘oh you’re beautiful’ and growing up that messed me up mentally.I began to feel that my skin wasn’t nice and that being dark was not good. And so eventually when I was 23, I tried bleaching products. » (1)
– Black Barbie
Comfort Arthur, à ses 23 ans, jugeant sa peau trop foncée et moche, se décide à essayer des produits éclaircissant pour paraître plus claire. Quelques années plus tard, elle revient sur cette époque dans son film Black Barbie où elle met en perspective le dictat du sens commun concernant la beauté du corps. En effet dans plusieurs sociétés africaines, la norme de beauté féminine est la peau claire comme celle des femmes métisses.Ceci est révélateur d’un phénomène plus global en Afrique: une crise identitaire, persistante, tenace et qui persévère.
Parmi les produits consommés qui rencontrent le plus de succès contiennent de l’hydroquinone, un produit chimique qui réduit le taux de mélanine, mais qui n’est pas sans risque. En effet ces produits provoquent souvent des maladies de la peau telles que l’hyper-pigmentation ou le cancer de la peau. Au-delà même des maladies de peau, l’application de l’hydroquinone sur celle-ci peut provoquer des insuffisances rénales, de l’hypertension et du diabète.
Ce problème est récurrent jusqu’à aujourd’hui dans la majorité des pays africains, quelque soit les régions du continent. Selon Comfort Arthur, il tourne même à la crise sanitaire, en plus d’être une crise identitaire. Devenir clair.e de peau est communément compris, notamment pour les femmes comme le chemin vers la beauté et c’est bien là le problème : la genèse d’une situation qui échappe à tout contrôle. Cependant les choses bougent peu à peu. Par exemple au Ghana, l’Etat a interdit tous les produits blanchissants toxiques pour la peau depuis août 2017 et l’État ivoirien est sur le point d’adopter les mêmes mesures que son voisin.
Black Barbie est un film d’animation autobiographique de la designer, auteure et metteuse en scène, ghanéenne et britannique, Comfort Arthur ; dénonçant ce phénomène de détestation de soi et qui a un impact sur la santé. Son film a été récompensé par le prix du meilleur film d’animation au Ghana Movies award 2016 et a été nominé pour plusieurs autres prix tant européens que africains tel que le prestigieux prix d’animation de l’Africa Movie Academy Award.
(1) – “J’ai deux sœurs, et nous sommes une famille de six. Mes deux sœurs ont la peau claire et lorsque l’on sortait quand on était enfants, et surtout quand on venait au Ghana, les gens remarquaient et complimentaient mes deux sœurs plutôt que moi en leur disant “ Oh vous êtes belles” et en grandissant cela m’a complètement déboussolée mentalement. J’ai commencé à ressentir que ma peau n’était pas jolie et que le fait d’avoir la peau foncée n’était pas une bonne chose. Alors quand j’ai eu 23 ans, j’ai commencé à essayer des produits éclaircissants (pour la peau). “
Article rédigé par
Akli Aouaa
Etudiant en Histoire,
à l’Université de Panthéon-Sorbonne, Paris 1.
Traduction et corrections par:
Abir Nur
Coordinatrice du Journal d’ESMA.
Diplomée d’une licence d’Histoire / Sciences Politiques
à l’Université de Panthéon-Sorbonne, Paris 1.
Aïda Bouahalka
Etudiante en Droit / Sciences Politiques
à l’Université de Panthéon-Sorbonne, Paris 1.
Gwendal Mélyon
Etudiant en Sciences Politiques
à l’Université de Panthéon-Sorbonne, Paris 1.
Zeïnab Kaffa
Etudiante en Audit,
à l’Université de Panthéon-Sorbonne, Paris 1.
Bande annonce:
https://www.youtube.com/watch?v=Q_mCtYVR_aE
Interview de la réalisatrice Comfort Arthur
https://www.youtube.com/watch?v=492GHd1ZgRE
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