Avec 59 ans de carrière derrière lui, la liste non exhaustive de ses rôles s’étend de Che Guevara à Genghis Khan, en passant par archiduc autrichien, prince tyrolien ou encore poète médecin russe. Il avait été nommé pour l‘Oscar du Meilleur Second Rôle en 1963 pour sa performance dans Lawrence d’Arabie de David Lean.
Sa carrière est reconnue et récompensée internationalement par l’obtention d’un Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle en 1963 ou encore par une nomination pour l’Oscar du Meilleur Second Rôle en 1963.
Sa vie amoureuse, qui a fait couler l’encre de nombreux tabloïds était pour le moins qu’on puisse dire pleine de rebondissements. Il a été l’amant de Barbara Streisand, Anouk Aimée, Andréa Ferréol mais le seul vrai amour de sa vie est Fatem Hamama, avec qui il formera le couple d’acteurs le plus rayonnant du Moyen – Orient. Omar Sharif, premier acteur du monde arabe d’Hollywood, s’illustre comme l’un des acteurs les plus proéminents d’Egypte.
Biographie
Enfant d’immigrés syro –libanais, il naît sous le nom de Michel Demitri Chalhoub 1932 à Alexandrie. Son père, étant un marchand aisé, offre une grande stabilité financière à la famille. Le jeune Chalhoub étudie les mathématiques et les langues à l’université du Caire. Polyglotte, il parle l’arabe, le français, le turc et l’anglais. Après l’obtention de son diplôme, il travaille cinq ans avec son père. C‘est à ce moment que le jeune homme alors âgé d’une vingtaine d’années avait embrassé sa vocation d’acteur et décidé d’aller étudier le métier à la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art de Londres. C’est durant sa formation à Londres qu’il rencontre l’homme qui va changer son existence, son compatriote, le cinéaste Youssef Chahine. Pour Chalhoub, il restera toujours son professeur, celui qui lui a inculqué le métier d’acteur.
Débuts au cinéma
Omar Sharif et Faten Hamama dans ‘Siraa Fil-Wadi’, 1954 (Photo by Nile Cinema Company/Getty Images)
Chahine le met dans la distribution de son 7ème film Le démon du désert (« شيطان الصحراء”), sélectionné au Festival de Cannes. C’est d’ailleurs dans ce dernier que Michel Chalhoub prend le nom d’Omar El Sharif. Ainsi, il commence à enchainer les premiers rôles en Egypte. C’est d’ailleurs en décrochant un rôle dans Ciel d’Enfer en 1954 qu’il partage l’affiche avec Faten Hamama, la femme qui va faire chavirer son cœur et pour laquelle il ira jusqu’à se convertir à l’islam. Sa carrière d’acteur débute alors, cependant seulement sur des productions égyptiennes.
En 1964, aux côtés de Zubaida Tharwat dans Un homme chez nous (Fi Baytina Rajul في بيتِنا رَجِل), il interprète le rôle d’Ibrahim, un jeune révolutionnaire qui vengea son frère tué lors d’une manifestation étudiante et se retrouve recherché pour l’assassinat du premier ministre. Il va ainsi se retrouver caché par une famille de la classe moyenne égyptienne qui jusque-là n’avait aucun lien avec des activités militantes ou révolutionnaires. En abordant le thème de la résistance égyptienne face à l’occupation anglaise, ce film fait alors écho à la décolonisation en cours au sein de continent africain.
“ Je commençais à désespérer de n’avoir aucune proposition en dehors de l’Egypte”
David Lean renverse alors le sort. En 1962, Sharif est sélectionné pour le rôle du Shérif Ali Ibn el Kharish dans Lawrence d’Arabie, presque par hasard.
“ Je suis allé dans le désert parce qu’il y avait le film qui allait se tourner avec David Lean […] je n’avais pas un rôle, j’y suis allé pour faire quelque chose, pour être avec eux, avec l’équipe ”
gettyimage
Son plus grand succès est alors Lawrence d’Arabie bien qu’il ne jouât pas le rôle principal. Il définira cette expérience comme une des grandes aventures de sa vie. Le film fut un succès mondial et rafla sept Oscars en 1963. Si avant ce film il était déjà reconnu comme un exemple de fierté au Moyen – Orient, c’est au niveau international son ticket pour Hollywood. Après Lawrence d’Arabie, il signe un contrat de sept ans avec Columbia Pictures, une des plus grandes sociétés cinématographiques. Si dans une interview pour la ressortie de Lawrence d’Arabie il déclara qu’il n’était qu’“un arabe qui devait jouer le rôle d’un arabe”, il réussira à diversifier ses rôles, pas plus tard que l’année suivante en interprétant un russe dans Docteur Jivago pour lequel il obtient le Golden Globe Award du Meilleur Acteur en 1965.
Héritage
Omar Sharif s’éteint le 10 juillet 2015 au Caire. Déjà affaibli par la maladie d’Alzheimer, il succombe à une crise cardiaque. Il laisse derrière lui plus de 60 films mêlant la figure du séducteur aux yeux envoûtants à celle du père aimant aux paroles sages. A la difficulté d’être le seul acteur arabe d’Hollywood s’ajoute le contexte géopolitique de tensions avec les Etats -Unis et l’Egypte de Nasser, ce dernier impose une politique de restriction de voyages dont Sharif souffrira.
Il tournera entre autres avec Catherine Deneuve, Jean-Paul Belmondo, Sophia Loren, Michael Caine, dans les productions d’Anthony Mann, Francesco Rosi, ou encore d’Alejandro Jodorowsky.
Il avouera lui-même qu’il n’a pas fait que de bons films mais l’un de ses derniers rôles notables reste celui de Mr. Ibrahim dans Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran de François Dupeyron pour lequel Omar Sharif reçoit le César du meilleur acteur en 2004. Il y joue le rôle d’un épicier musulman, philosophe à ses heures perdues qui se lie d’amitié avec Momo (Moïse), un adolescent juif. Ce film, à l’image de sa vie, prône une image de tolérance et d’amour.
Votre commentaire