Comme vous l’avez deviné, ce mois de janvier sera destiné à la Côte-d’Ivoire. On vous y amène le temps d’un instant pour découvrir ce pays fascinant.
Présentation de la Côte d’Ivoire
L’histoire de ce territoire que l’on nomme Côte d’Ivoire est le fruit d’une installation à différentes époques de populations voisines qui ont érigées comme territoire cette dernière. Les Sénoufos, puis les Malinkés sont venus du Nord (actuels Burkina Faso et Mali), les Baoulés, les Agnis, les Abrons, membres du groupe Akan, de l’Est (actuel Ghana), les Bétés de l’Ouest (actuel Liberia). On ne peut affirmer totalement que ces cohabitations furent totalement pacifiques, mais il ne semble pas qu’elles aient donné lieu à des affrontements majeurs, puisqu’aucun peuple n’a érigé de véritable empire. Il n’y a pas eu d’organisations politiques qui a unifié ces différents groupes. Les Akans ignoraient la notion de pouvoir central puisque c’est la richesse qui conférait l’autorité. L’activité de ces populations, très mobiles tout en restant liées à la lagune, était en partie dédiée à la pêche. En 1710, les Mandés-Dioulas, musulmans, édifièrent un immense État à Kong, dans le nord de la Côte-d’Ivoire. Celui-ci ne dura que le temps de son créateur, Sékou Ouattara, et entra en déclin dès sa mort, vers 1745. D’autres royaumes, très nombreux, ont marqué l’histoire de la Côte-d’Ivoire, qui bénéficiait d’une économie dynamique, fondée sur le commerce de l’or, du sel et de la cola.
Entre le XVe et le XVIIe siècle, les Européens explorèrent les côtes : la côte du Grain, la côte des Dents et la côte des Quaquas. Les premiers arrivés furent les Portugais, sous l’ordre du roi Henri le Navigateur, vers 1470, en partance pour le Congo Brazzville, l’explorateur Portugais Soeiria Da Costa découvrit Grand-Bassam qui fut la première capitale de la Côte d’Ivoire. Mais cette portion de terre ne recevra ses premiers habitants qu’au XVIIè siècle. Ils donnèrent à plusieurs villes et fleuves les noms que nous leur connaissons aujourd’hui : Sassandra, San Pedro, Fresco… . Au XVIIe siècle, les Hollandais puis les Anglais atteignirent à leur tour la Côte-d’Ivoire (les Français s’intéressaient alors peu à cette côte, où ils se contentèrent de conclure des traités d’amitié avec les populations Agnis du littoral et d’installer quelques missions) et, profitant du déclin portugais, prirent pied dans la région. Les Européens installèrent peu de comptoirs sur la côte : les échanges s’effectuaient pour la plupart en mer, les caravelles servant de comptoirs flottants. Commença alors une période de concurrence et d’affrontements larvés pour prendre le contrôle du commerce côtier. Celui-ci portait sur les épices, l’ivoire (qui valut son nom au pays), les étoffes de coton, l’or et, surtout à partir de la fin du XVIe siècle, les esclaves. Le trafic négrier, dans un premier temps orchestré par les Hollandais, remonte au début du XVIIe siècle ; ce désastre, causera d’énorme dégâts à l’Afrique pendant près de trois siècles, engendra non seulement un dépeuplement de régions entières, mais laissa aussi en héritage des haines tribales qui déchirent encore les États africains modernes : hésitant à s’aventurer eux-mêmes dans l’intérieur du continent, les Européens préféraient s’en remettre pour la capture des esclaves à des tribus vivant sur les côtes.
À la fin du XVIIe siècle, des tribus akans du Ghana, les Agnis, émigrèrent vers la Côte-d’Ivoire pour fuir les chasseurs d’esclaves. Les derniers Akans à émigrer furent les Baoulés, qui prirent une place importante dans le centre du pays, et dont le royaume, sous le gouvernement de la reine Abla Pokou, puis de sa nièce Akoua Boni, étendit loin son influence.
Du XVIIe au XIXe siècle, les Français prirent progressivement le contrôle de la région. En 1687, l’officier de marine Jean-Baptiste Ducasse, directeur de la Compagnie du Sénégal, installa six de ses compagnons à Assinie et proposa au souverain de la région d’emmener deux jeunes Ivoiriens en France : c’est ainsi que deux jeunes princes assiniens, Aniaba et Banga, furent élevés à la cour de Louis XIV, où ils furent baptisés par Bossuet. À partir des années 1830, les Français et les Britanniques rivalisèrent dans la région pour signer avec les chefs des différentes tribus des contrats leur assurant le monopole du commerce de l’ivoire, de l’or ou de l’huile de palme. En 1842-1843, les Français installèrent des comptoirs à Assinie et à Grand-Bassam ; en 1853, ils édifièrent le fort de Dabou. Les Français signèrent des traités d’«amitié» avec les souverains et les chefs ivoiriens pour élargir leur implantation; le premier de ces traités, signé en 1843 avec Amon N’Douffou II, puissant souverain du Sanwi, royaume Agni du Sud-Est, plaça le «territoire», non délimité ni même exploré, sous la protection du roi Louis-Philippe. Plusieurs explorateurs parcoururent alors l’arrière-pays, demeuré jusque-là hors de portée des Européens. Le négociant français Arthur Verdier introduisit la culture du café dans les années 1870. En 1882, l’officier français Louis Gustave Binger (qui deviendra le premier gouverneur de la colonie) fonda la compagnie de Kong pour gérer les plantations de café. Après la conclusion d’un partage des zones d’influence entre la France et la Grande-Bretagne, en 1884, Marcel Treich-Laplène, un agent de Verdier, remonta vers le Nord, reconnaissant le cours de la Comoé, et atteignit Bondoukou, puis Kong (1888), après avoir signé en chemin des traités avec les Bétés, les Agnis et les Abrons. Il fallut toutefois attendre 1889 pour que le pays soit totalement reconnu, au terme d’une expédition de 4000 km menée depuis le Sénégal par Binger; parti de Bamako deux ans plus tôt, celui-ci fit la jonction avec Treich-Laplène à Kong, puis les deux hommes redescendirent ensemble jusqu’à Grand-Bassam, qu’ils atteignirent en mars 1889.
Parallèlement, les sociétés de la Côte-d’Ivoire poursuivaient leur évolution propre. Le XIXe siècle fut une période d’intense renouveau politique. Les sociétés lignagères nouèrent des alliances pour se former en confédérations locales et régionales. Le royaume Abron, vassal des Ashantis depuis 1740, recouvra son indépendance en 1875 et étendit son influence sur les régions voisines. À partir de 1830, des conquérants constituèrent de nouvelles entités politiques. Le plus célèbre d’entre eux fut le Malinké Samory Touré, qui, après avoir été chassé par les Français du haut Niger en 1892, se replia en Côte-d’Ivoire. Il établit alors sa domination sur les Sénoufos, puis sur les Lobis, conquérant ainsi un nouvel empire allant d’Odienné à Bouna, et incluant le pays sénoufo, le royaume de Kong, le Bouna, le Koulango, le Gyaman, etc. En 1892, inquiets de cette nouvelle puissance qui se développait dans le Nord du pays, les Français envoyèrent une expédition pour capturer Samory ; une colonne, dirigée par le capitaine Ménard, fut massacrée à Séguela.
Le 10 mars 1893 fut crée la colonie de Côte d’Ivoire avec Grand-Bassam pour capitale et Louis Gustave Binger comme premier gouverneur. Cet officier était un marine de l’armée française et passionné par l’Afrique, il ne conservera son poste que deux ans.
En 1902, la Côte d’Ivoire devient partie intégrante d’un ensemble appelé Afrique Occidentale Française (AOF) et dirigé par un gouverneur général établi à Dakar, au Sénégal. Son chef-lieu est fixé à Bingerville, une ville nouvelle sur la lagune de Grand-Bassam.
Ensuite non loin de là le port d’Abidjan sera aménagé (il deviendra la capitale de la Côte d’Ivoire en 1934).
Le drapeau ivoirien est un drapeau tricolore on y trouve : le orange qui représente les savanes du nord, le blanc qui est le symbole de la paix et de l’unité et enfin le vert qui représente les forêts du Sud, la devise du pays est « union, discipline, travail ».
Aliou KEBE étudiant en Sciences-Politiques à Paris II, Panthéon-Assas et membre actif chez ESMA
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