Le wolof est une langue parlée par environ 10 millions de personnes et possède le statut de langue nationale au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. Elle appartient à la famille des langues nigéro-congolaises et est étroitement liée à d’autres langues sénégambiennes comme le peul et le sérère. Elle est considérée comme l’une des langues les plus importantes d’Afrique de l’Ouest et est utilisée comme langue véhiculaire dans les régions où il est parlé.

(Carte des langues du Sénégal d’après l’abbé Boilat (1853) dans G. G. Beslier, Le Sénégal (1935, p. 30) et Anne Le Fur)
Le wolof a longtemps été écrit avec un alphabet arabe appelé wolofal. Il se compose de 28 lettres, dont certaines sont empruntées à l’alphabet arabe, mais d’autres ont été spécialement créées pour noter les sons spécifiques présents dans la langue wolof.
De nos jours, cette écriture est parfois utilisée pour des textes religieux, cependant, c’est l’alphabet latin qui est désormais adopté. L’origine de la langue wolof est difficile à déterminer avec précision, mais on estime qu’elle remonte à plusieurs siècles. Les premières traces écrites du wolof remontent à des inscriptions gravées sur des tombes datant du XVème siècle, dans la région du Cayor au nord du Sénégal. Au fil du temps, la langue s’est développée et a évoluée grâce aux échanges commerciaux et culturels entre les différentes tribus de la région. En effet, existe une longue histoire d’interaction avec les langues étrangères, résultant de nombreux emprunts linguistiques provenant de diverses langues étrangères, notamment l’arabe, le portugais, le français, l’anglais ainsi que le néerlandais. Ces emprunts ont enrichi le vocabulaire du wolof et ont permis à la langue de s’adapter à des changements historiques et culturels.

(Tableau d’Assane Faye de l’alphabet Garay, ancien alphabet wolof)
I – Des mots empruntés à d’autres langues
L’utilisation de mots empruntés à d’autres langues est un aspect intéressant montrant la richesse de la langue wolof. Les échanges commerciaux, les migrations, ainsi que l’histoire coloniale sont les vecteurs qui ont fortement influencé les emprunts linguistiques retrouvés dans la langue Wolof. Au cours des dernières décennies, cette langue a connu des changements importants en raison de l’influence de la culture occidentale et de l’utilisation croissante des médias numériques. Les langues latines s’assimilent au wolof avec l’arrivée des Européens en Afrique de l’Ouest
L’introduction de la langue latine par les portugais :
L’influence du portugais sur le wolof remonte aux XVème et XVIème siècles, lorsque les portugais ont commencé à commercer avec la côte ouest africaine. Pendant cette période, le Portugal a établi des comptoirs commerciaux le long de la côte et les Portugais avaient des contacts réguliers avec les populations locales dont les Wolofs. L’influence linguistique du portugais sur le wolof peut être observée d’abord dans le vocabulaire mais aussi dans les structures grammaticales de la langue. Les Portugais ont introduit de nombreux mots dans le wolof, comme des termes liés au commerce et à la navigation. Certains termes portugais ont été adoptés et intégrés dans le vocabulaire wolof, par exemple, des mots tels que « bik » (de « bica » signifiant robinet en portugais), « kanam » (de « canhão » signifiant canon), « garab » (de « garrafa » signifiant bouteille), « sapati » (de « sapato » signifiant chaussure), et « sob » (de « sobrado » signifiant maison à deux étages). Non seulement l’ajout de termes a eu lieu mais certaines constructions grammaticales du portugais ont également été assimilées dans le wolof, par exemple, des verbes wolofs ont été influencés par la forme d’infinitif en portugais.
Le français, une langue qui a fortement influencé la langue wolof :
Plus tard, au XIXème siècle, avec la colonisation française, les relations commerciales entre la France et les pays africains se sont développées. La langue française a eu une influence significative sur le wolof. Depuis, le français est devenu la langue d’enseignement officielle au Sénégal, ce qui a entraîné l’ adoption de termes français dans la langue wolof. En effet, le français est devenu une langue importante dans le commerce, l’éducation et l’administration et c’est une langue qui a fortement influencé la langue wolof, en raison de cette histoire coloniale.
De plus, tout comme le portugais, la langue française a également influencé la syntaxe et la grammaire du wolof, ainsi que sa prononciation. Par exemple, le mot « bonjour » est souvent utilisé dans les conversations wolof, de même que des expressions comme « comment ça va? » ou « merci ». De nombreux autres termes ont été intégrés dans le vocabulaire, tels que les noms de fruits et légumes, les noms de professions et les noms de concepts abstraits. Également, le wolof a emprunté de nombreux mots au français, qui étaient principalement liés à l’administration coloniale française. En effet, des mots comme « bureau », « taxi » et « radio » ont été réutilisés et sont maintenant parlés couramment dans le wolof. Malgré cette influence française, le wolof reste une langue distincte avec sa propre grammaire, vocabulaire et prononciation. La langue continue d’évoluer et de se développer de manière indépendante de la langue française, tout en conservant certaines de ses empreintes linguistiques.
L’inclusion de la culture islamique dans le vocabulaire wolof :
L’emprunt le plus notable du wolof est celui de l’arabe, qui a une grande influence sur la culture et la religion de la région. En effet, l’arabe a eu une influence considérable sur le wolof dès le Moyen Âge, en raison de l’expansion et de la propagation de l’Islam par les marchands arabes, et a été adopté par une grande partie de la population locale. Cela a eu un impact sur les pratiques religieuses et les traditions culturelles wolof, qui ont été influencées par les principes de la religion. C’est pourquoi, de nombreux termes religieux, ainsi que des mots liés au commerce et à l’éducation, ont été empruntés à l’arabe comme par exemple les mots « Allah » (Dieu) et « Salat » (prière) qui sont maintenant utilisés couramment dans le wolof. Ainsi, puisque l’Islam est la principale religion du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie, les concepts et les pratiques islamiques ont bien été intégrés dans la langue. De plus, certains de ces termes arabes ont été transformés pour s’adapter aux règles phonétiques et grammaticales du wolof. L’intégration des termes religieux dans la langue reflète l’influence de l’Islam sur la culture sénégalaise est une preuve de la richesse culturelle et religieuse, qui révèle l’importance de la religion dans la vie quotidienne et la communication en Afrique de l’Ouest. Enfin, cette influence de l’arabe sur le wolof est très importante et a contribué à façonner la langue, la religion, les traditions et la culture wolof.
II – La langue wolof en perpétuelle évolution :
Le wolof reste une langue vibrante et en constante évolution malgré tous ces emprunts. Les jeunes générations l’utilisent souvent dans un contexte plus informel, en ajoutant des nouveaux mots. En effet, une des principales évolutions du wolof est la création de nouveaux mots pour décrire des concepts modernes. Avec l’avènement de la technologie et des médias numériques, de nouveaux termes ont été créés pour décrire des concepts tels que le « téléchargement », « la connexion Internet », « le clavier » ou encore « l’écran ». Les langues évoluent en fonction des besoins de leur peuple, et le wolof n’est pas une exception. Les nouveaux mots et expressions qui émergent dans la langue wolof doivent être adaptés aux besoins de la société sénégalaise, tout en préservant son authenticité intrinsèque.
Aujourd’hui, le wolof est devenu une langue véhiculaire en Afrique de l’Ouest, largement parlée et comprise par la majorité de la population. L’utilisation de mots d’emprunt dans la langue wolof reflète l’influence linguistique du portugais, du français ainsi que de l’arabe. Cela constitue un témoignage de l’histoire des échanges commerciaux et culturels et historiques qui ont marqué la région d’Afrique de l’Ouest au fil du temps.
Bibliographie :
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Sitographie :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Wolof_(langue)
http://www.inalco.fr/langue/wolof
Sources iconographiques :
https://www.culturesofwestafrica.com/fr/garay-alphabet-wolof/

Maïssa Gourar, Master 2 TPTI à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
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