Le Croissant Rouge Sahraoui, une institution dans le plus ancien camp de réfugiés d’Afrique

Le Croissant Rouge Sahraoui, une institution dans le plus ancien camp de réfugiés d’Afrique

Un reportage réalisé par Mathieu Longlade en février-mars 2019

Avant propos

Le conflit opposant le Front Polisario (Front Populaire de la Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro) et le Royaume du Maroc après la décolonisation espagnole du Sahara occidental en 1976 a entraîné sur les routes de l’exil plusieurs dizaines de milliers de personnes en plein désert dans la wilaya de Tindouf  en Algérie. Ainsi, c’est entre février-mars 2019 que je suis allé à la rencontre des populations sahraouies de Tindouf ainsi que de différentes institutions dont le Croissant Rouge Sahraoui.

 

« Ces réfugiés ne sont pas de causes naturelles mais de causes politiques »Buhubeini Yahia, président du Croissant Rouge Sahraoui

Le Croissant Rouge Sahraoui (الهلال الأحمر صحراوي) est une institution de l’Etat en exil de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD, créée en 1975 par le Front Polisario) dont le défi est de répondre à l’urgence humanitaire sociale et politique des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. En effet, les camps de réfugiés sahraouis sont les plus anciens d’Afrique : ils existent depuis 43 ans, sont habités par 173 600 habitants selon l’UNHCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies) et sont administrés par le Front Polisario, représentant les sahraouis réclamant l’indépendance du Sahara Occidental. L’espace que les réfugiés sahraouis occupent a été dévolu par le gouvernement algérien qui soutient l’indépendance du Sahara Occidental et le Front Polisario. En effet, il y a cinq camps à savoir Rabouni, Lâayoun, Awserte, Dahla et Smara où des dizaines voire centaines de kilomètres (pour le cas de Dahla) les séparent les uns des autres.

Retour historique des camps de réfugiés sahraouis

“On est dans une situation où un peuple et son gouvernement sont en exil à Tindouf”

 

À l’origine de la mise en exil des sahraouis, le conflit armé opposant le Front Polisario et le Royaume du Maroc. Le Sahara occidental était une colonie espagnole considérée par les Nations Unies comme un territoire non-autonome depuis 1975. Lors du départ des espagnols en 1976 le Front Polisario, créé en 1973, proclame après avoir lutté contre l’occupation la République Arabe Sahraouie Démocratique. Toutefois, le Royaume du Maroc et la Mauritanie ont des prétentions territoriales sur le Sahara occidental : une guerre dure jusqu’au cessez-le-feu de 1991. Les sahraouis recevant le soutien de l’Algérie, alors que le Maroc et la Mauritanie celui de la France. Depuis, aucun traité de paix n’a été signé, et la Mauritanie en 1979 se retire du Sahara occidental.

Le cessez-le-feu de 1991 entre le Front Polisario et le Maroc prévoit d’organiser un référendum par la Mission des Nations Unies pour l’Organisation d’un Référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui n’a pas encore eu lieu. Aujourd’hui, le Sahara occidental est séparé en deux parties par un mur de 2720 kilomètres appelé “mur défensif” par les marocains, gardé par 100 000 soldats marocains et défendu par 4 millions de mines. On trouve le “territoire occupé” et le “territoire libéré” selon le Front Polisario (ou zone ouest et zone est par les Nations Unies) l’un représentant 80 % du Sahara occidental et contrôlé par le Maroc et l’autre représentant 20 % du Sahara occidental et contrôlé par le Front Polisario. Ces événements ont mis sur les routes de l’exil des dizaines milliers de sahraouis qui se sont installés à Tindouf en Algérie. On est dans une situation où un peuple et son gouvernement sont en exil à Tindouf. C’est dans ce contexte que se trouvent les réfugiés sahraouis de Tindouf : 43 ans dans le désert et 27 ans d’attente du référendum, repoussé depuis plusieurs années par le Conseil de sécurité notamment par la France, le manque d’accord des deux parties et l’impuissance de la MINURSO.

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Source : Musée dans les camps de réfugiés de Tindouf

Organisation et système de distribution du Croissant Rouge Sahraoui (CRS)

 

« La répartition des produits se fait dans le calme, gérée par les femmes, sans police et sans gardes. »

 

En attendant la résolution de la question juridique de ce territoire, les populations se confrontent à l’urgence humanitaire qui ne se fait pas attendre. Le CRS a été créé dans ce contexte, il sert d’auxiliaire au gouvernement sahraoui (RASD) et participe à la construction du projet national. Buhubeini Yahia, président du CRS confirme, au cours d’un entretien passé avec le groupe dont je fais partie, qu’il coordonne l’action de cette organisation et témoigne des objectifs et des enjeux de la crise humanitaire, sociale et politique qui frappe les camps de Tindouf. Notre entretien se déroule dans une pièce tenue par le CRS à côté d’un entrepôt, dans un espace dont le périmètre est délimité par des conteneurs avec des inscriptions en espagnol et des carcasses de voitures hors-service. De plus, il indique que l’institution dispose de trois missions: être à l’écoute des victimes de ce conflit, être des interlocuteurs auprès des observateurs internationaux, et être le bras humanitaire de la RASD.

L’organisation est composée de 235 personnes avec une présidence, un secrétariat et différents départements comme le département de logistique, la distribution, le département des bénévoles et département des premiers secours. Il y a des bureaux de coordination dans les cinq wilayas* et 29 dairas avec un représentant pour chaque municipalité. L’organisation parvient à couvrir des événements comme le marathon où 8 équipes sont mobilisées, à dispenser des formations de premiers secours, faire visiter le camp à des délégations étrangères (diplomates, ou responsables associatifs) et organiser des voyages à l’étranger pour les enfants. En se promenant dans les camps il est possible de voir une personne habillée d’un gilet rouge sur lequel il est inscrit en blanc MLRS les initiales espagnoles de l’institution (Media-Luna Roja Saharaui). Concernant le marathon des enfants, il est d’une ambiance très joviale.  Ces enfants semblent être âgés entre 7 et 13 ans, leur parcours est délimité par une bande blanche longeant le sol et à la ligne d’arrivée, ils accélèrent afin de ne pas être dépasser par leur camarades. Dans notre groupe des personnes participent au marathon des adultes. En prenant la voiture j’observe des occidentaux habillés de t-shirt manifestant un soutien au Sahara occidental au vu des différentes inscriptions qui y figurent, leurs corps et leurs visages sont rouges vifs et j’ignore à quelle étape ils se trouvent mais je trouve cela amusant.

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Le marathon des enfants

La distribution des rations alimentaires et d’autres biens d’usage se fait au centre des municipalités où un représentant des familles organise la distribution par quotas. Un matin, en sortant de la maison j’aperçois une bouteille de gaz bleue près de d’un abri en taule, il m’est informé que des hommes étaient passés en camion assurer la livraison et que la mère de famille de la maison dans laquelle je résidais l’avait roulé dans le sable à l’endroit où je l’aperçois. Les femmes sont les principales actrices de ce système de distribution, « Pour l’aide humanitaire, la chef de famille c’est la femme » confirme Buhubeini Yahia. En effet, dans la maison dans laquelle je loge toutes les rations alimentaires sont gérées par les femmes et c’est comme cela dans un grand nombre de foyers mais il faut aussi noter que beaucoup d’hommes sont à l’armée. De plus, lorsqu’une femme rejoint pour la première fois l’institution, elle reçoit une augmentation, un salaire supérieur aux hommes puisqu’elle laisse ses enfants seuls (la plupart des hommes sont mobilisés en territoires libérés). Au cours de notre entretien avec le CRS je discute avec une jeune sahraouie de 29 ans, en espagnol puis en anglais, elle est bénévole au CRS et assiste Buhubeini Yahia en tant que photographe ce qui est rare puisque très peu de jeunes entre 13 ans et 30 ans se trouvent dans le camp.   En effet, d’après Buhubeini Yahia, chaque mois un plan de distribution et un calendrier est préparé et envoyé à tous les responsables en indiquant le lieu et le jour de la distribution de tel ou tel produit. Pour des mesures de transparences les produits arrivent par camions scellés. Ils arrivent à Tindouf où on atteste une première fois du sceau sur le camion puis une deuxième fois au poste de frontière du Front Polisario par le CRS et le Programme Alimentaire Mondial (PAM). Une fois les produits arrivés un SMS est envoyé aux représentants locaux, la distribution est annoncée par un haut-parleur : elle se déroule sur les deux premières semaines du mois et une fois terminée les responsables signent un procès verbal. La répartition des produits se fait dans le calme, gérée par les femmes, sans police et sans gardes.   

 

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Chargement de bidons d’huile pour livraison

Le premier jour du mois un petit déjeuner est distribué dans les écoles : chaque enfant reçoit de l’eau, du lait en poudre et un biscuit par jour fournit par l’UNHCR. C’est 42 000 rations qui sont distribuées ce jour-là. Le lait vient d’un donateur suisse et les biscuits de donateurs italiens.

 

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Le deuxième jour du mois une opération menée avec le ministère de la santé sahraoui vise à traiter les 22 500 cas d’anémies chroniques. On distribue alors de la farine de soja, 20 grammes de sucre, 15 grammes d’huile végétale, des micronutriments afin de donner des apports en fer, le tout est fortifié par de la vitamine B12 et BA. Le troisième jour du mois une distribution générale est faite pour 127 000 bénéficiaires d’un panier de 17kg comprenant des céréales, du sucre, de l’huile végétale et du soja qui correspondent au 2 100 calories par jour selon la norme internationale d’urgence.

Alors en visite du collège de Souilem dans la wilaya d’Awserte dans un cour d’arabe, un jeune garçon entre avec un faitout de lait en poudre déjà transformé et les biscuits du UNHCR. Il passe devant nous et dépose le faitout auprès du pied de l’enseignante et les biscuits sur son bureau s’en va.

 

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Les partenaires et les défis de l’institution  

« En conséquence l’institution ne parvient à fournir que 10 litres d’eau par jour et par personnes alors que les normes internationales exigent 20 litres. »

 

Le CRS bénéficie du soutien de plusieurs ONG, de l’ONU et de différents États. Les Nations Unies sont des partenaires privilégiés entre autres en matière d’éducation, de santé, l’eau et les affaires sociales. Parmi ces instances onusiennes on retrouve le PAM pour l’alimentation et l’UNICEF pour les vaccins ou la réhabilitation des écoles. Au niveau des niveau des ONG elles sont principalement espagnoles (lié au passé colonial), italiennes, françaises et danoises. De part et d’autre on peut apercevoir quelques européens de passage seuls ou accompagnés, des véhicules de médecin du monde et l’établissement de la MINURSO dirigé par Youssef Jedyan.

Quant aux Etats, l’Algérie est le principal donateur par la construction de routes, des pylônes électriques, de dons alimentaires, le transport, l’éducation en permettant aux enfants à partir de 13 ans d’être scolarisés en Algérie, en permettant à 7400 étudiants d’étudier à l’université en Algérie ou encore en permettant l’accès à des soins médicaux gratuitement à l’hôpital sur présentation d’une pièce d’identité sahraouie.

A chaque fois que nous nous rendons à un rendez-vous en quelque lieux des camps je suis frappé par ces routes fraîchement goudronnées qui dessinent une bande noire dans cet espace où le Sahara surplombe notre environnement, il est notre seul horizon et tout ce qui nous précède. Sur des dizaines de kilomètres tout nous paraît semblable, rien ne change, l’image est la même, la route est interminable tout comme les pylônes électriques qui se suivent tous les 100 mètres des deux côtés de la route. Néanmoins, ces routes permettent d’écraser les distances entre chaque camps “L’Algérie a construit pour les sahraouis ces routes et ces pylônes en 1 an” affirme un de nos accompagnateurs, “Quand j’y étais allé en 2005 c’était rien que de la piste il nous fallait 8 heures de route pour aller jusqu’à Dahla” répond une camarade. A quelques endroits de la route des nids de poule surgissent et contraignent le chauffeur à faire des manoeuvres quelques peu dangereuses sur une route à double sens.  Il n’est pas exagéré d’affirmer que ces routes, ces pylônes et l’ensemble de l’espace géographique que couvre les camps représente l’équivalent d’un département français et que la mission du CRS est écrasante.

Le deuxième donateur est ECHO (European Commission Humanitarian Office) qui représente la branche humanitaire de la commission européenne, 70 % de ses fonds transitent vers l’ONU et 30 % par des ONG en ce qui concerne les camps de réfugiés sahraouis. Le troisième donateur est l’Espagne qui finance à hauteur de 5 millions de dollars US par an. Puis d’autres donateurs existent comme l’Union Européenne qui finance à hauteur de 8 millions de dollars US par an via le PAM les allemands avec 1 million US de dollar ou encore l’Afrique du Sud.  De nombreux audits sont menés par des ONG et l’ONU ont lieu pour placer des gardes fous visant à établir une bonne gestion de ces fonds par le Front Polisario.

Juste avant d’entrer dans l’entrepôt tenu par le CRS plusieurs hommes sont en train de charger des bidons d’huile sur un camion avant d’aller les livrer, j’observe ce qu’ils font, ils m’observent à leur tour avant de m’ignorer puis je me décide à les prendre en photo sans vouloir les déranger. En entrant dans l’entrepôt où nous sommes accompagnés par un responsable et nos accompagnateurs on observe les différentes pièces où sont stockés les vivres. On nous ouvre une première porte qui nous jette un vent de fraîcheur puisque une bonne conservation des produits est nécessaire, on y trouve des patates, puis une deuxième porte nous est ouverte où ce sont des oignons. Puis, on entre dans un hangar ayant une grande profondeur on trouve parfaitement rangé par milliers d’un côté ou d’un autre, des énormes sac de lentilles, de maïs, de riz, de biscuits, de soya, de pois cassés ou encore du lait en poudre. Peut-on lire sur ces paquets “Mersin- Turkey”, “Fabriqué en Suisse” ou “Dubai / E.M.A”  

 

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Toutefois, l’institution fait face à de sérieux défis. Elle est confrontée depuis ces dernières années à une baisse sensible des dons. Entre 1998 et 2018 les dons d’ECHO sont passés de 17 millions de dollars US à 9 millions de dollars, l’Espagne sur la même période de 10 millions de dollars à 5 millions dollars, la France huitième plus grand donateur au monde finance à hauteur de 270 000 euros par an et la MINURSO 52 millions de dollars par an. Ce qui est loin d’être suffisant pour créer des conditions de vie décentes et respectueuses. En conséquence l’institution ne parvient à fournir que 10 litres d’eau par jour et par personnes alors que les normes internationales en exigent 20. D’autres situations comme le manque de serviettes hygiéniques pour les femmes posent un sérieux problème, il y a deux distributions de serviettes hygiéniques par an pour 42 000 femmes bénéficiaires, ce qui est très insuffisant. La précarité menstruelle est une réalité,  j’interroge Buhubeini Yahia à ce sujet il me confirme que les femmes utilisent quand elles le peuvent des couches pour bébé ou bien des morceaux de turbans qu’elles découpent. Dans les écoles les latrines manquent, là où les standard internationaux imposent 1 latrine pour 20 filles et 1 latrine pour 30 garçons on se trouve en moyenne à 1 latrine pour 70 enfants.

 

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Ainsi le CRS est une institution de la RASD qui cherche malgré vents et marées à pourvoir aux besoins d’urgence des populations réfugiées des camps de Tindouf. Le nombre élevé d’actions, la rigueur des procédés et des contrôles des instances internationales et l’inclusion des populations civiles assoit la crédibilité de cette institution qui par la même occasion renforce celle de la RASD en quête d’indépendance.

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Buhubeini Yahia président du Croissant Rouge Sahraoui

Toutefois, il est d’usage lorsqu’on analyse un phénomène humanitaire de mettre en avant les causes qui le produisent. Buhubeini Yahia confirme que « Ces réfugiés ne sont pas de causes naturelles mais de causes politiques ». Ces propos ne peuvent être que trop vrais, ces populations sont en situation d’exil en raison des conflits armés et des prédations économiques et territoriales sur le Sahara occidental; il s’agit d’un peuple et d’un gouvernement en exil dans ces camps. Elles confirment leur attachement, proclamé depuis 1976 à une indépendance totale qui est court circuitée par le repoussement du référendum d’autodétermination depuis plusieurs années. Selon certaines considérations il n’est pas exagéré d’affirmer que ce territoire constitue « la dernière colonie d’Afrique », le dernier spectre du XXe siècle sur le continent. Le CRS par ses actions aspire sans dissimulation à réaliser l’indépendance totale du Sahara occidental. Il est à supposer que la nouvelle dynamique politique instaurée par le Conseil de sécurité depuis avril 2018 visant à proroger le mandat de la MINURSO de six mois au lieu d’un an. Les prochaines négociations en avril prochain à Genève entre le Front Polisario et le Maroc censées aboutir à un accord évitant le retour du conflit armé puisse permettre au CRS de mettre un terme à sa mission dans les camps après 43 ans d’exil et 27 ans d’attente.

 

 

wilaya : 1) unité administrative correspondant à une circonscription en Algérie 2) unité administrative correspondant à un camp. Dans cet article les camps de réfugiés sahraouis se trouvent la wilaya de Tindouf en Algérie. L’intérieur des camps est géré par la RASD et est aussi divisé en plusieurs wilayas sahraouis, chaque nom de wilaya renvoie à un nom de ville du Sahara Occidental : Smara, Lâayoune, Awserte,  etc

Boiros : unité administrative dont un ensemble de boiros forme une daira

Daira : unité administrative dont un ensemble forme une wilaya

Pour aller plus loin sur le Sahara occidental :

http://ouiso.recherche.parisdescartes.fr/fr/accueil/

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Mathieu Longlade, Etudiant en Histoire et Science Politique Reporter pour ESMA

 

 

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