Liens culturels entre Mayotte et les Comores

Liens culturels entre Mayotte et les Comores

 

Les relations entre Mayotte et Les Comores sont couramment évoquées comme conflictuelles. Les tensions opposant l’archipel de la République des Comores à son ancienne circonscription sont dues au rattachement de Mayotte au territoire national de l’Etat français, depuis 2011. Les Mahorais sont perçus par les Comoriens comme des dissidents de l’unité Comorienne, toutefois les Mahorais se sentent envahies par les Comoriens. En effet, l’immigration Comorienne à Mayotte est un facteur explicatif des tensions actuelles. Le niveau de vie régressant aux Comores, de plus en plus de personnes partent vers la Mayotte espérant trouver mieux. Les conditions de vie sont supérieures, tant sur le plan de l’éducation que sur le plan sanitaire. De plus, grâce à l’accord passé entre le gouvernement Français et Comoriens, les Comoriens peuvent se faire soigner gratuitement à Mayotte, ce qui a pour conséquence qu’ “« un tiers des personnes hospitalisées sont des Comoriens »1. Les migrants Comoriens oublient néanmoins qu’à Mayotte le coût de la vie est plus élevé, par exemple “Un kilo de farine coûte 2,50 € à Mayotte.”2 Les comoriens ayant émigrés à Mayotte vivent majoritairement dans les bidonvilles déjà surpeuplés du territoire.

Dans ce contexte de vives tensions, notamment économiques, on peut s’interroger sur la qualité des liens culturels unissant Mayotte et le reste de l’archipel comorien. C’est-à-dire la proximité linguistique, gastronomique, artistique : tout ce patrimoine culturel est-il menacé par les tensions ?

Pour mieux appréhender la complexité de cette relation, situons d’abord Mayotte et les Comores, dans l’espace et à travers le temps. L’archipel des Comores se trouve au large de la façade Est de l’Afrique Australe. Il s’agit d’un ensemble d’îles de taille variable, à la jonction du canal du Mozambique et de l’océan Indien. La plus vaste île et la plus éloignée de Mayotte est la Grande Comore. En revanche, Mohéli et Anjouan sont plus proches de Mayotte, qui correspond au quatrième territoire principal de l’archipel Comorien. L’arrivée des Antalotes, au VIIIème siècle, marque le début du peuplement de ces îles tropicales montagneuses. Ensuite, le peuple comorien actuel est issu d’un métissage, avec d’autres populations environnantes tel que les Indonésiens, les Malgaches ou bien plus lointaines, comme les Européens.

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Cartographie de l’Archipel des Comores : île de Mayotte en vert

L’arrivée de la population Perse au XIIIème siècle contribue fortement à la construction de la culture comorienne. Les Perses, déjà présents plus au nord près des côtes Kenyanes et Tanzaniennes, où ils s’adonnent principalement au commerce d’esclaves noirs et d’ivoire, divisent l’archipel en plusieurs sultanats. L’ère de l’occupation perse correspond à la diffusion de l’Islam, religion encore dominante aujourd’hui. Malgré les conflits existants entre les sultanats, la rupture entre Mayotte et le reste des îles comoriennes peut être associée à la colonisation française. Le sultanat de Mayotte s’achève le 25 avril 1841, l’île est concédée aux Français. Mayotte est la première possession coloniale française de l’archipel. Le processus de colonisation de l’ensemble de l’archipel Comorien aboutit en 1892. Dès lors, les colons français instaurent une hiérarchie entre les îles de l’archipel comorien. Le territoire mahorais est pourvu d’un statut privilégié au sein des Comores, l’ensemble de l’archipel étant désigné comme « Mayotte et ses dépendances ». Moroni, située à Grande Comores, devient le chef-lieu du Territoire d’Outre-mer français au détriment de Dzaoudzi, à Mayotte, qui avait conservé un rôle administratif après le progrès du statut administratif des Comores en 1946.

Ainsi, en 1967 le Mouvement Populaire Mahorais va à contre-sens des mouvements indépendantistes qui émergent dans le reste de l’archipel. En effet, le MPM est engagé pour le maintien de Mayotte dans la République française. La posture des Mahorais est renforcée par le référendum de 1974, à l’issue duquel ils s’opposent à 63% à l’indépendance tandis que le reste des Comoriens se prononcent pour l’indépendance à 99% et affirment leur souveraineté nationale le 6 juillet 1975. Alors que le processus de départementalisation des territoires français d’Outre-mer est entamé depuis 1946, les indépendantistes Comoriens s’y opposent, considérant que Mayotte fait partie du nouvel Etat Comorien. Bien que l’Union africaine et des Nations Unies soutiennent l’Etat comorien contre ce qui est décrit comme l’occupation française, la volonté mahoraise est de rester française. De plus, Mayotte est un endroit stratégique pour la France, surtout durant la Guerre froide. Au cours du conflit, le gouvernement français pose son droit de veto pour garder l’île.

Malgré tout, sur le plan culturel, Mayotte reste proche de l’Etat comorien. Les deux ensembles parlent la même langue, le shimaoré. Ils se comprennent donc facilement. Au niveau de la gastronomie, l’une des grandes spécialités communes aux deux territoires est le pilao. Il s’agit d’un plat de riz et de viande très épicée, bœuf ou poulet, mijotée dans une sauce de safran, oignon, tomate, à laquelle est ajoutée de la cannelle, du girofle, du curcuma et du piment. Les Comoriens et Mahorais raffolent aussi de Mataba, des feuilles de manioc pliées avec de l’oignon et de l’ail et bouillies dans du lait de coco.

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Plat de Mataba

On retrouve également des similarités entre Mahorais et Comoriens, dans la littérature, marquée par la fable. Par ailleurs, à l’occasion des mariages, les Comoriens et Mahorais dansent le chigoma. A l’origine exclusivement pratiquée par les hommes, cette danse, saccadée par des mouvements rapides et courts, est conviviale.

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Danse Chigoma

Conclusion

Bien que ces dernières années, il y ait eu des tensions migratoires et économiques entre les Comoriens et Mahorais, ces deux peuples très liés culturellement, restent soudés. Avec souvent un sentiment mutuel d’appartenance, les deux peuples se sentent proches. Nous pouvons donc conclure que ces liens culturels, notamment linguistiques, les unissent et les amèneront probablement à trouver un compromis afin d’améliorer leur situation.

 

1 Manon Duret, « Mayotte: île française ? », le journal international, 23 janvier 2013, http://www.lejournalinternational.info/mayotte-ile-francaise/.

2 Manon Duret, « Mayotte: île française ? », le journal international, 23 janvier 2013, http://www.lejournalinternational.info/mayotte-ile-francaise/.

Bibliography :

Chaudenson Robert, « Mayotte et les Cpmores : géographie, hisotoire, langues et cultures », blogs mediapart, 28 mars 2018, https://blogs.mediapart.fr/robert-chaudenson/blog/230318/mayotte-et-les- comores-geographie-histoire-langues-et-cultures-n-5.

Duret Manon, « Mayotte: île française ? », le journal international, 23 janvier 2013, http://www.lejournalinternational.info/mayotte-ile-francaise/.

El Idrissi Abdelhak, “La situation à Mayotte est liée à la politique diplomatique de la France », France culture, 13 mars 2018, https://www.franceculture.fr/geopolitique/la-situation-a-mayotte-est-liee-a-la- politique-diplomatique-de-la-france.

 

photo de naomie
Article rédigé par Noémie GAIL
photo elliachi
Article rédigé par Archimella NDABANIWE

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