Comme vous l’aurez deviné, c’est l’Eswatini que nous mettons à l’honneur en ce mois d’avril. ESMA vous présente ce magnifique pays !
Mswati III : portrait du dernier monarque absolu
Anciennement connu dans le monde sous le nom de Swaziland, l’Eswatini est la dernière monarchie absolue d’Afrique. À la tête de ce pays de 17 363 km2 et comptant en 2018 plus d’un million d’habitants, Mswati III règne fermement sur ses sujets. Le roi swati est né le 19 avril 1968 à Mbabane, capital de l’Eswatini. Il sera désigné sous le nom de Makhosetive Dlamini jusqu’au jour de son couronnement le 25 avril 1986 où il deviendra Mswati III. S’il est connu pour son statut de dernier monarque absolu africain, il l’est aussi pour ses relations maritales.
Couronnement et règne
(Mswati III en Eswatini en octobre 1997)
Mswati III est issu d’une longue dynastie de souverains. Son père et prédécesseur, le roi Sobhuza II avait 70 épouses et pas moins de 210 enfants. Lorsqu’il décède suite à une pneumonie en 1982, le Conseil royal désigne le jeune prince Makhosetive Dlamini âgé de 14 ans et vivant à Londres pour succéder au trône de son père. Afin qu’il puisse terminer son cursus scolaire, le Conseil royal a désigné la reine Dzeliwe Shonwe pour assurer la régence. Cette veuve du roi Sobhuza II assure ce rôle durant 11 mois avant d’être écartée par ce même Conseil pour être remplacée par la reine Ntfombi Thwala, mère du Prince Makhosetive. Celle qu’on appellera Ndlovukazi, signifiant « La Grande Éléphante » assurera la régence jusqu’au 25 avril 1986. À cette date, le jeune prince âgé de 18 ans devient roi.
La monarchie est installée selon des règles inscrites dans la Constitution. Le chapitre II de la Constitution swati fixe le cadre de la monarchie.. Les pouvoirs du roi lui sont conférés par l’article 4 de la Constitution. Il est, selon ce texte, le symbole d’unité et d’éternité de la nation. Par ailleurs le texte précise qu’il est à la tête des forces armées, des services de police et des services correctionnels dits « Correctionnel Services ». De cet article 4 à l’article 16 sont listées les prérogatives du roi. Sont aussi notamment définis le statut de l’Umntfwana (Prince héritier) que revêtait Mswati III avant son couronnement et le statut de la Ndlovukazi (Reine-mère) qui assurait la régence.
Le traditionalisme est en Eswatini un principe politique. Le roi Mswati III et ses prédécesseurs portent le titre d’Ingwenyama. Ce titre est porté par les souverains hommes et signifie “lion” en langue swati. Ce titre symboliquement imagé montre l’importance de la tradition dans la société swati. Le roi est volontairement identifié à un animal présent sur le territoire swazi, animal lié à la puissance et au pouvoir. Aussi, le rythme de vie swazi est rythmé par de nombreuses célébrations traditionnelles qui réunissent tout le territoire, parfois sur plusieurs jours comme la célébration du Umlhanga à laquelle nous consacrons aussi un article. Cet attachement du pouvoir royal aux traditions est nécessaire à la construction de l’identité nationale swazi. En effet le groupe swazi est né de conflits et rapprochements entre clans du nord de la région australe à partir du XVIIe siècle. Aussi, ce peuple a dû résister aux attaques et ses répercussions suite à l’expansion zulu et la colonisation blanche du XIXe siècle. Il a donc fallu pour les chefs traditionnels swazi fédérer le peuple autour d’un destin commun afin que chaque individu se saisisse de l’importance de se battre face aux menaces extérieures, et cela s’est mis en place au travers des traditions. Ainsi, les structures politiques traditionnelles sont encore aujourd’hui puissantes et fortement concentrées entre les mains du roi.
Le roi Mswati III parait peu favorable à l’instauration de la démocratie dans son pays. Bien qu’il ait restauré le Parlement que son père avait dissout, il se charge lui-même de désigner les parlementaires et lorsqu’ils ne sont pas nommés par le roi, des chefs traditionnels proches du pouvoir se chargent de les élire. En 2004, comme le précise l’agence de presse « The New Humanitarian », Mswati III fait voter par le sénat une constitution renforçant son pouvoir sur la gouvernance de l’Eswatini. Le roi est la seule autorité en Eswatini et son action est appliquée par décrets. Ce modèle de gouvernement est ainsi sans partage et cela a une influence sur la place du royaume sur l’échiquier international. La Constitution prévoit que le roi nomme les représentants du pays à l’étranger. Il est également celui qui reçoit les représentants étrangers. Parce qu’il est le chef de l’État, il représente lui-même l’Eswatini à l’occasion de visites diplomatiques qu’il effectue à l’étranger. Chose qu’il fera notamment pour le jubilé de diamant de la reine Elizabeth II en 2012.
(Mswati III en visite à Buckingham Palace à l’occasion du jubilé de diamant d’Elizabeth II)
Mswati III éprouve une certaine méfiance à l’égard des journalistes, notamment les journalistes étrangers. Il est souvent critiqué pour son train de vie jugé comme étant en totale disparité avec la situation du pays. La fortune du roi est estimée, en 2009, à 200 millions de dollars selon l’agence de presse Reuters. Alors que l’Eswatini figure parmi les pays les plus pauvres du monde, les dépenses de fonctions du roi sont couvertes par des sommes représentant 8% du budget national quand bien même 63% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Économiquement, l’Eswatini est dépendant de l’Afrique du Sud qui lui fournit l’essentiel de ses ressources à travers la SACU – qui est une union douanière regroupant cinq pays d’Afrique australe : Afrique du Sud, Botswana, Eswatini, Lesotho et la Namibie. Politiquement, le territoire swazi n’a pas suivi la libéralisation du régime sud-africain à la suite de l’indépendance, ce scénario aurait pu être envisagé d’autant que les Swazi d’Afrique du Sud ont joué un rôle dans la lutte de libération en république sud-africaine. En Eswatini, l’organisation est bien différente et source d’agitation et tension sociale. La population swazi est pauvre, mais son économie est paradoxalement relativement prospère. Le secteur commercial est performant mais reste contrôlé par un groupe réduit de dirigeants. Aujourd’hui, de nombreuses terres agricoles sont des possessions de propriétaires européens.
Le roi Mswati III aux côtés de Jacob Zuma en Eswatini
Bibliographie :
Constitution du Royaume l’Eswatini, “Constitution of the Kingdom of Swaziland”, 26 juillet 2005
Josue DIOMI MASAKA, étudiant en deuxième année de Droit à l’université Panthéon-Sorbonne Paris 1. Responsable du Pôle Communication de l’association des Étudiants de Panthéon-Sorbonne pour les Mondes Africains.
je vous souhaite beaucoup du courage pour votre travail continuer ainsi c’est vous l’avenir de demain. merci
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