Les couvertures au Lesotho sont bien plus que de simples habits, puisqu’en effet, elles sont sacrées et suivent les basothos tout au long de leur vie. “Basotho”, parfois “sothos” est le nom du principal peuple bantou d’Afrique australe. Évoluant dans un environnement montagneux, ils ont développé des traditions particulières dont ces couvertures sont un exemple. Ces costumes traditionnels sont intrinsèques à la culture de ce pays enclavé dans le territoire de l’Afrique du sud. C’est à la suite d’une rencontre entre le roi Moshoeshoe Ier “père de la nation” et les Anglais en 1860 que l’utilisation de ces couvertures sera consacrée.
Selon Hlonipha Mokoena, professeur associé au Wits institute for social and economic research qui se trouve à Johannesburg, beaucoup d’éléments de la culture africaine sont nés de la rencontre avec le reste du monde et, deviennent, au fil du temps, des traditions africaines. Ces couvertures en sont l’illustration puisqu’elles sont aujourd’hui un des éléments culturels les plus précieux du petit pays du Lesotho. Dues à la condition géographique de ce pays, ces couvertures en laine, permettent aux Basothos de se protéger du froid et de la pluie, mais aussi de la chaleur. Elle correspondent, par ailleurs, aux grandes étapes de la vie des habitants du Lesotho. Par exemple, avant la circoncision des garçons, la tradition veut qu’on leur offre une couverture spéciale nommée “moholobela” en gage de fertilité. Le jour du mariage, les hommes portent une couverture appelée ”motlolohi” et donnent à leur femme une couverture du nom de “serope” pour la naissance future de leur premier enfant.
Très récemment, ces couvertures ont été exposées médiatiquement grâce à la sortie du blockbuster américain “Black Panther” où elles sont représentées comme sacrées et utilisées comme armure.
Néanmoins la tendance actuelle est, grâce à de nombreux jeunes créateurs, de transformer ce symbole culturel en accessoires de mode. Un des créateurs les plus en vogue s’appelle Thumisani Tikhiso. Il explique dans une interview accordée à Africanews que ce qu’il aime dans cela c’est le fait de “concevoir des choses qui ont une histoire”. Il lui paraît essentiel de lier l’histoire de son pays et ses traditions aux créations, c’est pourquoi il nous explique que “la plupart de nos enfants ne savent pas ce que signifient ces couvertures, alors nous devons aller dans les communautés et leur enseigner notre culture et expliquer le sens de ces couvertures”.
Ces couvertures sont tellement considérées comme une tradition africaine qu’un conflit est né avec le groupe français Louis Vuitton. En effet, la marque s’en est inspirée pour une de ces collections hommes, revendant ses modèles à plus de 2 186€ alors que les traditionnels couvrants ne se vendent pas au delà de 66€. Une ambiguïté est, dès lors, née entre ceux qui y voient un hommage et ceux qui considèrent que cette pratique est une appropriation culturelle. Kylie Kiunguyu, pour This is Africa permet à une créatrice sud-africaine, Maria McCloy de s’exprimer sur cette question. En ce qui la concerne, elle considère que c’est du “vol” à partir du moment où la marque ne s’associe pas avec les artistes et créateurs traditionnels. Pour elle, “nous sommes en colère parce qu’on se sent exploité”. Outre cet exemple conflictuel, de plus en plus de collaborations réussissent à voir le jour entre des grandes maisons de la mode internationale et des communautés africaines, exposant à quel point la culture basotho des couvertures s’exporte à travers le monde et permettent de faire découvrir cette tradition sacrée du Lesotho.
Sources :
Courrier International, Louis Vuitton accusé d’exploiter des couvertures en laine africaines sacrées, Kylie Kiunguyu, 26/07/2017.
Paris match, Louis Vuitton, les couvertures sacrées africaines et le débat sur l’appropriation culturelle, Kathleen Wuyard, 19 septembre 2017
Africa news, Une tradition qui inspire les jeunes créateurs au Lesotho, Chancela Gningni
Evaneos, Une immersion dans la culture Basotho,David Debrincat, 6 avril 2016
Marie Desplains, étudiante en L2 Droit/Philosophie à Paris I et en langue Arabe à l’INALCO. Référante du pôle Rédaction
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